Pour les Blancs pauvres d’Afrique du Sud, une minorité parmi la minorité, l’élection de mercredi est aussi l’occasion d’exprimer leur désarroi ou leur écoeurement d’un pays dont ils se sentent parfois rejetés.
(…) “Il y a aussi une rhétorique anti-Blanc à peine déguisée chez certains leaders de l’ANC”, constate ce chercheur, qui estime que ces élections vont encore accentuer la rupture entre l’ANC et l’électorat blanc.
– “Pas la bonne couleur pour le job” –
La minorité blanche, 9% de la population, concentre pourtant entre ses mains l’essentiel du pouvoir économique du pays. Les Blancs occupent 62,7% des postes de direction en Afrique du Sud, contre seulement 19,8% pour les Noirs, selon un rapport gouvernemental publié début avril. Leur salaire moyen est par ailleurs six fois supérieur à celui des Noirs.
Les laissés-pour-compte de cette situation n’en sont que plus amers. “Parfois, je pense que c’était mieux avant 1994”, souffle Ockert Van der Berg, 18 ans, venu voter pour la première fois. Il ne précise pas que “c’était mieux” pour la seule minorité blanche, tandis que 90% de la population souffrait des mesures de ségrégation raciale.
Le jeune homme, dans un pays qui a mis en place une politique active de discrimination positive pour l’accès à l’emploi, n’arrive plus à trouver sa place: “Ils disent que dans la nouvelle Afrique du Sud, la couleur de peau n’est plus un critère. Ils disent que la nouvelle Afrique du Sud n’est pas raciste, mais on vous dit aussi que vous n’avez pas la bonne couleur pour le job”.
Martin Smit, lui aussi de la génération qui vote pour la première fois, a voté pour le Freedom Front Plus, un parti qui souhaite représenter uniquement la minorité afrikaner. “Chaque fois qu’on a un problème, on peut les appeler, ils nous aident, que ce soit une coupure de courant ou un vol de voiture à main armée”.
Les jeunes Noirs du même âge rencontrés par l’AFP étaient en général très enthousiastes, et pressés de voter pour l’ANC, le parti qui, disent-il, leur a donné la liberté dont ils jouissent aujourd’hui.
Huffington Post Québec