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Abdellali Hajjat est sociologue et co-auteur, avec Marwan Mohammed, du livre Islamophobie : comment les élites françaises fabriquent le problème musulman. Dans un entretien exclusif pour Zaman France, il revient sur la permanence des propos islamophobes tenus par les responsables du Front national et analyse la stratégie électoraliste et idéologique du parti d’extrême-droite à l’approche des élections européennes.
Marine Le Pen a dernièrement défendu le droit de Geert Wilders, le leader néerlandais d’extrême-droite, à comparer le Coran à Mein Kampf. Jusqu’à présent, sa critique de l’islam s’appuyait plutôt sur la laïcité. Assiste-t-on à une radicalisation du discours FN sur l’islam ?
Je ne pense pas qu’il y ait radicalisation du FN. Cela s’inscrit dans la continuité de tous les discours tenus par les Le Pen et les responsables du FN sur l’islam. Ce qui est nouveau dans le discours du FN, c’est d’avoir mobilisé le concept de laïcité. Historiquement, le FN est composé d’une frange de catholiques intégristes opposés au concept même de laïcité. […] La référence au nazisme fait partie du discours ambiant si vous souhaitez stigmatiser une personne. Ce qui est d’ailleurs contradictoire avec le fait que Marine Le Pen ait elle-même des relations très proches avec des militants néo-nazis. Il faut distinguer le discours qui vise à identifier les électeurs au parti et la réalité des pratiques.

 
L’islamophobie est-elle devenue un vecteur plus important pour l’extrême-droite européenne que la critique de l’Europe ?
Les deux questions sont articulées. Ce qui est sûr, c’est que l’islamophobie est un vecteur d’unification des droites en France et des extrême-droites européennes. Certains partis d’extrême-droite très moribonds comme au Danemark ou aux Pays-Bas, se sont reconstruits grâce à une mobilisation contre l’islam et les musulmans, ce qui leur a offert une nouvelle légitimité politique. Un fait rendu possible parce que, de manière générale, dans le champs politique, cette stigmatisation de l’islam et des musulmans est une réalité. En 2012, Marine Le Pen avait fait croire qu’en Ile-de-France, les Français mangeaient à leur insu de la viande halal, finançant par là-même le culte musulman !
 
La critique de l’islam est très souvent associée à celle de l’immigration, au FN. Est-ce toujours le cas ou l’islam est-il perçu comme une menace autonome du fait que des millions de Français sont aujourd’hui de confession musulmane ?
Au FN, l’islam est la religion de l’étranger. On considère qu’il y a incompatibilité entre la présence des musulmans en France et l’idée d’homogénéité nationale. […]  
Depuis l’élection de nombreux maires Front national, avez-vous observé la mise en place de mesures stigmatisantes ou présumées islamophobes ?
Il y a déjà eu l’expérience des précédentes élections dans les années 1990 avec des maires Front national. Cette expérience a montré que les politiques de ces élus visaient à restreindre les libertés de culte des musulmans, au niveau de l’attribution des locaux ou de subventions […].
Zaman

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