Tribunal de Bourg-en-Bresse. Le jeune homme de 27 ans a été condamné à un an et demi de prison ferme et à une interdiction d’assurer une activité en lien avec des enfants pendant dix ans.
Un « dossier hors-norme », selon les mots du représentant du parquet, et une personnalité complexe dans le box des prévenus.
Loin des perruques blondes, des talons hauts et des tenues affriolantes dans lesquels il avait régulièrement l’habitude de sortir fumer une cigarette dans son quartier de Bellignat, Aurélien Vandelle, 27 ans, est apparu, vendredi devant le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse, prostré, mutique. Impossible pour ce garçon pataud, en jean et tee-shirt, d’expliquer pourquoi, le 30 mars dernier, il embarque Nadia (1), 7 ans, alors qu’elle attend l’ascenseur. Il la prend par le bras, étouffe ses cris avec sa main, l’oblige à entrer dans son appartement, puis l’installe sur un canapé et lui met un biscuit dans la bouche. Il ne va pas tenter de la poursuivre quand la fillette réussira à s’échapper en ouvrant la porte d’entrée, fermée mais pas verrouillée. « Je voulais m’occuper d’elle, mais en bien pas en mal », assure-t-il. La veille, toujours travesti en femme, il avait déjà proposé des bonbons à une autre petite fille. « Pourquoi vouloir sympathiser avec des enfants ? », lance sous différentes formes Christelle Gomez, la présidente du tribunal. « Êtes-vous sexuellement attiré par les enfants ? ». Réponse claire : « Non, Madame. »
Et c’est bien là la question centrale de cette audience de comparution immédiate. Aurélien Vandelle était jugé vendredi pour violences sur mineure, car aucune infraction d’ordre sexuel n’a été retenue. Mais l’hypothèse d’une tendance pédophile, soutenue par l’une des deux expertises psychiatriques, et donc d’un danger de passage à l’acte, était au centre des débats. D’autant que le prévenu avait été condamné en 2013 pour exhibitionnisme à Lons-le-Saunier.
« Je ne veux pas qu’on se mente, nous ne sommes pas là pour juger de ce qu’il aurait pu arriver et pourtant vous n’avez fait que cela, a plaidé Me Michel Vicari, pour la défense. Or, il y a des difficultés. À commencer par les résultats des deux expertises. La seconde n’évoque jamais le fait que mon client se travestisse depuis l’âge de 15 ans, le trouble de l’identité sexuelle, le rapport à la filiation, à la famille, la seule question qu’on pose ici, c’est celle qui fait peur, la pédophilie, le reste on l’oublie. » Me Vicari a évoqué l’isolement affectif et social de son client, les trois hospitalisations forcées au centre psychothérapique de l’Ain, son addiction à l’alcool, son traitement antipsychotique, qu’il a arrêté faute d’argent….
Aurélien Vandelle a été condamné, à l’issue d’une comparution immédiate, procédure réservée à des dossiers assez simples, à deux ans de prison dont 18 mois ferme avec obligation de soins et de travail, et interdiction d’exercer une activité en lien avec les enfants pendant dix ans.
Le Progrès