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Front de gauche et EE-LV profitent de la campagne pour mobiliser contre le grand marché transatlantique en cours de négociations. Le PS se dit méfiant mais paraît discret, l’UMP a priori favorable.

C’est l’un des rares sujets qui montent dans cette campagne européenne guère envahissante : le partenariat de libre-échange transatlantique. Un accord, désigné sous une batterie d’acronymes – Tafta, TTIP, PTCI, GMT (1) – que Les Etats-Unis et l’Union européenne ont commencé à négocier à l’été 2013. Ces discussions menées à Bruxelles et à Washington, se déroulent-elles dans notre dos ou nos politiques peuvent-ils reprendre la main ? L’enjeu du Traité est aussi crucial que complexe : la constitution d’un immense marché représentant 40% du PIB mondial et 800 millions de consommateurs, régi par des normes communes – sanitaires, environnementales, sociales, techniques, de sécurité. Mais lesquelles ? Les règles européennes reconnues plus protectrices ? Ou devra-t-on consentir à ouvrir notre marché aux fameux bœuf aux hormones et poulet au chlore ? Et en cas de conflit entre un Etat modifiant sa législation et une grande entreprise qui a investi sur son sol, est-ce encore la loi du pays qui tranchera ou une juridiction privée ?…
Car les «anti» dénoncent d’abord l’opacité dans lesquelles sont menées les discussions entre le commissaire européen au commerce Karel de Gucht et son homologue américain. Les Etats-membres et le Parlement européen ont donné mandat à la Commission pour négocier en leur nom. Si le texte a été connu, c’est accidentellement, au détour de fuites dans la presse. Et quatre cycles de négociations ont déjà eu lieu sans que les citoyens en sachent les détails, pointent les opposants. Pour Jadot, «cela renforce le sentiment que l’Europe travaille sans les citoyens ou contre eux».
Si «l’oligarchie avance dans le dos des peuples», c’est qu’elle ne négocie pas franchement dans leur intérêt, reprend Raquel Garrido. Front de gauche et EE-LV redoutent que l’harmonisation des normes européennes et américaines, condition à l’ouverture d’un grand marché commun, ne se fasse au détriment de l’UE, plus avancée dans ce domaine, et à l’avantage des grands groupes. «Ils préparent une harmonisation par le bas de nos législations au profit de l’extension de nos multinationales», accuse Jadot….

Le point le plus dur pour les opposants au texte : un différend opposant un investisseur à un Etat pourrait, selon ce que prévoit le Traité, être arbitré par un tribunal privé. ..

«L’accord transatlantique est propice au déchaînement des fantasmes et des bobards, certains en font une exploitation», balance l’eurodéputé socialiste Henri Weber. Front de gauche et écolos «ont besoin d’agiter cela pour exister», renchérit Guillaume Balas, numéro deux de la liste PS en Ile-de-France….

Surtout, le PS veut rassurer, «dédramatiser» dixit la secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Fleur Pellerin. Dans son mandat de négociation, le Parlement européen a posé des «lignes rouges» : interdiction de toucher à l’audiovisuel, la culture, la défense, protection des données personnelles et des ambitions environnementales de l’UE….

Libération

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