L’Agence créée sous Sarkozy pour frapper les voyous au portefeuille a géré des centaines de millions d’euros depuis 2011. Mais elle rend plus d’argent aux délinquants qu’elle n’en verse à l’Etat ou aux parties civiles. […]
Cette institution fondée en 2011, sous Nicolas Sarkozy, pour «frapper les voyous au portefeuille» vient de publier son rapport annuel. On y apprend qu’elle comptabilise «plus de 31.000 affaires correspondant à plus de 56.000 biens gérés (…) valorisés à plus d’un milliard d’euros», se félicite le président de son Conseil d’administration, Jean-Marie Huet, par ailleurs procureur général de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence.
L’Agrasc a saisi de l’argent liquide, des dépôts en banque, des véhicules, des immeubles même. Pour un milliard donc. Une somme qui correspond d’ailleurs à un effet de stock, puisqu’elle a écumé les saisies de tous les tribunaux de France pour constituer son «portefeuille».
Attention toutefois ! Son budget n’est pas d’un milliard d’euros. Car les valeurs saisies sont simplement gelées et n’appartiennent pas à l’Etat, l’essentiel étant généralement restitué aux suspects après des années de procédure. Ainsi, depuis sa création, l’Agrasc a versé 4,5 milions d’euros à l’Etat, 5,9 millions au «fond de concours» pour la lutte contre la drogue, 1,2 million aux créanciers publics et 1,1 million aux partie civiles. Mais les «restitutions», autrement dit l’argent rendu aux personnes poursuivies, a été de plus de 20 millions. «Le ratio confiscation/restitution n’est donc pas aussi favorable qu’on pourrait l’imaginer», concède un spécialiste des enquêtes financières à la Direction centrale de la police judiciaire. […]