Acteur majeur de l’Union économique et monétaire, Jean-Claude Juncker fut le premier président de l’Eurogroupe, organisation qui regroupe tous les ministres des Finances de la zone euro, pendant huit ans. Il fut Premier ministre du Luxembourg pendant près de 20 ans, de 1995 à 2013. Il est aujourd’hui le candidat du PPE (droite) à la présidence de la Commission européenne.
Né à Redange-sur-Attert, dans l’ouest du Luxembourg, le 9 décembre 1954.
Il passe son enfance et sa jeunesse dans le sud du pays, à Belvaux, région marquée par les mouvements socialistes et communistes luxembourgeois. Les activités syndicales de son père le familiarisent très tôt avec les réalités du monde du travail…
Engagé politiquement depuis 1974 au sein du Parti chrétien-social (Chrëschtlech Sozial Vollekspartei / CSV), il devient, en octobre 1979, le secrétaire parlementaire du parti. Il va très vite gagner en importance au sein du parti et en 1982, et quelques jours avant son 28e anniversaire, il est nommé Secrétaire d’État au Travail et à la Sécurité sociale, deux fonctions correspondant à ses domaines politiques de prédilection.
En juin 1984, Jean-Claude Juncker est élu pour la première fois au Parlement luxembourgeois (Chambre des députés). Il est nommé ministre du Travail et ministre délégué au Budget du premier gouvernement de Jacques Santer.
En 1985, le Luxembourg préside le Conseil des Communautés européennes. En tant que ministre, Jean Claude Juncker préside les conseils “Affaires sociales” et “Budget”. Cette période marque le début de son engagement résolument proeuropéen.
Après les élections législatives de 1989, Jean-Claude Juncker est nommé ministre des Finances et du Travail. Le portefeuille des Finances est considéré comme un véritable exercice de passage pour futur premier ministre luxembourgeois. Jean-Claude Juncker est alors reconnu comme le dauphin de Jacques Santer.
C’est pendant cette législature de 1989 à 1994 que Juncker va s’affirmer comme un acteur politique majeur au niveau national et européen.
“Au cours de ces années de crise, j’ai appris à aimer encore plus l’Europe. J’ai tout fait pour garder la Grèce dans la zone euro et je garde pour ce pays une grande admiration et un grand amour. J’admire aussi le courage du Portugal et de l’Irlande et j’aimerais que ces deux pays soient récompensés pour leurs efforts.” Réunion de l’Eurogroupe, 21/01/13
En 1991, le Luxembourg prend à nouveau la présidence du Conseil des Communautés européenne et Jean-Claude Juncker, en tant que ministre des Finances, préside le Conseil “Ecofin”. Il devient l’un des principaux artisans du traité de Maastricht, notamment du volet touchant à l’Union économique et monétaire, dont il a rédigé lui-même de larges passages.
En mai 1991, il sauve les négociations sur l’Union économique et monétaire lors d’une réunion informelle des ministres des Finances des Douze, à Luxembourg, en proposant le principe de “l’opting-out” pour le Royaume-Uni. En février 1992, il est l’un des signataires du traité de Maastricht.
En juin 1994, il est réélu au Parlement, et conserve ses fonctions de ministre des Finances et du Travail. Suite à la nomination de Jacques Santer à la tête de la Commission européenne, en 1995, Jean-Claude Juncker est nommé Premier ministre et ministre d’Etat par le Grand-Duc Jean. Chef du gouvernement, il continue cependant à exercer les fonctions de ministre des Finances, ministre du Travail et de l’Emploi et ministre du Trésor.
En décembre 1996, il s’illustre à nouveau à l’échelle européenne, en réussissant une médiation délicate entre le chancelier fédéral allemand, Helmut Kohl et le président français, Jacques Chirac, au sujet du pacte de stabilité accompagnant l’Union économique et monétaire. Il devient “le héros de Dublin” salué par la presse internationale.
La Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne au second semestre 1997 permet à Jean-Claude Juncker de mettre en avant ses ambitions pour une Europe plus sociale. Le Conseil européen extraordinaire sur l’Emploi, en novembre 1997, est à l’origine du processus de Luxembourg, obligeant les pays membres à soumettre annuellement un plan d’action en faveur de l’emploi et à remplir des critères quantifiés et vérifiables en termes de création d’emploi et de lutte contre le chômage.
Un mois plus tard, l’Union européenne décide de s’ouvrir aux pays de l’est, lors du Conseil européen de Luxembourg. Au cours du même sommet, l’Euro 11, groupe informel des ministres des Finances participant à l’Union économique et monétaire, est créé. Il sera ensuite rebaptisé Eurogroupe.
Le Parti chrétien-social sort vainqueur des élections législatives de 1999 et de 2004 et Jean-Claude Juncker conserve son siège de premier ministre, de ministre d’Etat et de ministre des Finances.
Le 1er janvier 2005, Jean-Claude Juncker devient le premier président permanent de l’Eurogroupe, qui regroupe les ministres des Finances de la zone euro.
Au premier semestre 2005, la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne permet à Jean-Claude Juncker d’obtenir au Conseil européen de mars 2005 un accord sur la réforme du pacte de stabilité et de croissance. Lors de ce sommet, Jean-Claude Juncker s’investit activement pour la relance de la stratégie de Lisbonne, dans un souci de réaffirmer les dimensions sociale et environnementale du processus.
A la suite des “non” français et néerlandais au traité établissant une Constitution pour l’Europe, Jean-Claude Juncker mène une campagne importante en faveur d’un “oui” luxembourgeois lors du référendum organisé le 10 juillet 2005, qui sera d’ailleurs victorieux.
Pour honorer son engagement pour la cause européenne, Jean-Claude Juncker s’est vu remettre une série d’importants prix politiques et notamment le prix Charlemagne d’Aix-la-Chapelle en 2006.
Gouverneur de la Banque mondiale de 1989 à 1995, Jean-Claude Juncker assume depuis la responsabilité de gouverneur du Fonds monétaire international et de gouverneur de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
Le 12 septembre 2008, les quinze ministres des Finances de la zone euro désignent à l’unanimité le Premier ministre luxembourgeois pour un 3e mandat à la tête de l’Eurogroupe, qui s’est terminé début 2013.
Le 21 janvier 2013, les ministres de l’Eurogroupe approuvent la nomination du Néerlandais Jeroen Dijsselbloem à la présidence de l’Eurogroupe, succédant ainsi à Jean-Claude Juncker.
Jean-Claude Juncker annonce sa démission du gouvernement luxembourgeois à compter du 11 juillet 2013, suite à un scandale mettant en cause les services de renseignement pour avoir constitué une police secrète et politique en fichant un grand nombre citoyens de manière illégale.
Malgré la victoire du parti chrétien-social (PCS/CVS) aux législatives du 20 octobre 2013, Jean-Claude Juncker est évincé au profit d’une coalition des partis libéral, socialiste et écologiste, et remplacé par le libéral Xavier Bettel.
Peu après cet échec, il se lance dans la campagne pour la présidence de la Commission européenne, poste à pourvoir à la fin de l’année 2014. Le 7 mars 2014, il remporte la bataille face à Michel Barnier lors du Congrès du Parti populaire européen, et devient alors le candidat officiel du PPE à la présidence.
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