L’éditorialiste espagnol de ABC, Ramón Pérez-Maura s’interroge : L’Union européenne saura-t-elle de nouveau réagir au risque de contagion du «modèle français» [guillemets de l’auteur] prôné par le Front national comme ele l’avait fait pour sanctionner l’Autriche de Jörg Haider ?
Nous, les Espagnols, sommes conscients de tout ce que les institutions européennes nous ont apporté après des décennies d’isolement. Et ce n’est pas aujourd’hui que nous allons mordre la main qui nous nourrit depuis 1987. […]
Le problème aujourd’hui, c’est qu’au populisme eurosceptique, caractéristique d’un parti comme le Ukip britannique, s’ajoutent les antécédents xénophobes du Front national français. Et l’on peut se demander comment l’UE réagira à la victoire électorale d’un parti de cet acabit.
Rappelons-nous ce qui s’est passé en 2000 quand le Parti libéral d’Autriche (FPÖ) de Jörg Haider, vainqueur aux législatives autrichiennes, est arrivé au pouvoir grâce à sa coalition avec le Parti populaire (ÖVP), auquel il laissa cependant la chancellerie. On se souvient du branle-bas de combat qui s’en était suivi, l’Union envisageant même alors d’expulser l’Autriche.
Finalement, un comité de trois sages, parmi lesquels Marcelino Oreja [qui fut ministre du gouvernement d’Adolfo Suárez, député européen puis commissaire européen], avait prôné l’acceptation du scrutin démocratique.
Aujourd’hui, l’UE pourrait se voir confrontée à la victoire en France d’un parti xénophobe aux élections européennes. Evidemment, il ne pourra pas pour autant former de gouvernement. Mais si vraiment nous tenons à redorer le blason de ce scrutin, ceux qui se sont révolté contre l’Autriche peuvent-ils fermer les yeux sur ce qui s’annonce aujourd’hui en France ?Il est parfois pertinent de faire deux poids deux mesures. Mais cette fois, ce serait négliger le risque, gigantesque, de contagion de ce «modèle français».
Courrier international (Merci à Lilib)