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Malgré tous les efforts dialectiques déployés par les socialistes pour persuader les électeurs français qu’ils ont, dimanche prochain, le destin de l’Europe entre leurs mains, dans son pays Angela Merkel est beaucoup plus claire : le choix du président de la Commission européenne fera l’objet de longues tractations motivées notamment par des enjeux de politique intérieure allemande.

C’est devenu un élément langage au Parti socialiste. Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, le répète sur tous les tons pour bien faire rentrer l’idée dans le crâne de ses concitoyens : « Vous allez pouvoir élire le président de la commission européenne pour la première fois ». François Hollande lui-même, dans sa tribune au Monde y est allé de son couplet. Quant à Jean-Christophe Cambadélis, il a poussé le bouchon encore plus loin en qualifiant la Commission de « gouvernement de l’Europe ». Encore une semaine de campagne (aussi terne soit-elle) et les VRP des européennes tenteront de nous vendre l’élection du « président de l’Europe » au suffrage universel direct. A les entendre, nous n’en serions finalement plus très loin…
Malgré tous ces efforts d’enfumage, c’est peu dire que la mayonnaise démocratique européenne ne prend pas, comme si les peuples s’étaient déjà faits à l’idée qu’en Europe (en particulier depuis le référendum de 2005), la décision ne dépendait plus vraiment des urnes. D’autant que, s’il est vrai que les chefs d’Etat et de gouvernement doivent désormais proposer un candidat à la présidence de la Commission « en tenant compte des élections au Parlement européen », aucune obligation n’est faite de désigner une personnalité appartenant au parti arrivé en tête aux élections européennes.

En Allemagne, Angela Merkel, elle au moins, la joue franche du collier expliquant dans la plupart de ses interventions récentes qu’il n’y a aucun « lien automatique entre le nombre de votes et [les hautes fonctions] à pourvoir ». Pour elle, le résultat des élections européennes n’aura qu’une valeur « indicative », méprisant ainsi les tentatives des partis visant à mettre en avant leur propre candidat.

Interrogée encore cette semaine par le Leipziger Volkszeitung sur le risque de « détruire la démocratie européenne en cas de désignation d’un candidat qui ne serait pas issu du parti vainqueur des élections », la chancelière calme le jeu en déclarant que « le conseil doit tenir compte du résultat des élections », mais ajoute dans l’immédiate foulée : « Nous allons beaucoup discuter à partir de dimanche ». Une façon de souligner, une fois de plus, que le choix du président de la Commission fera l’objet de longues tractations entre gouvernements…
Marianne

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