Sans illusion sur l’issue des européennes, Nathalie Arthaud, tête de liste Lutte ouvrière en Ile-de-France, se sert de ces élections comme d’une tribune. «Ce parlement européen fait de la figuration», dit celle pour qui les changements passent par la rue plutôt que par les urnes. Elle dénonce Marine Le Pen qu’elle érige en «ennemie mortelle des travailleurs». Et vilipende aussi la gauche et notamment le leader du Front de Gauche.
Aujourd’hui, le protectionnisme et la sortie de l’euro sont des préjugés – comme le libre-échange – qu’il faut combattre. Il faut combattre les préjugés nationalistes et protectionnistes qui sont en train de grandir et d’être distillés y compris par une partie de la gauche.
Les institutions françaises aussi ont été conçues par la bourgeoisie. Il faut que les travailleurs se battent à l’échelle de l’Europe. Moins il y a de frontières entre eux, plus cette lutte sera facile. Les travailleurs dans leur combat pour s’émanciper devront transformer l’Europe.
A terme, nous sommes partisans des Etats-Unis socialistes d’Europe et même du monde. L’Europe devrait être un seul et même pays depuis bien longtemps.
Vous voulez dire que Jean-Luc Mélenchon est un nationaliste ?
Jean-Luc Mélenchon est un nationaliste, absolument. Jean-Luc Mélenchon, c’est «la grandeur de la France», c’est tout juste s’il n’en fait pas la première puissance du monde. Jean-Luc Mélenchon a-t-il été un jour internationaliste? La façon dont il parle de l’Europe allemande, en nous faisant croire que nous sommes en train de subir le capitalisme à l’allemande, ce sont effectivement des propos qui ont des relents nationalistes forts.
La France est-elle votre patrie ?
Surement pas. Notre patrie, ce sont les travailleurs. C’est l’humanité. Marx l’explique : les travailleurs n’ont pas de patrie. […]
Le JDD