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Venus de l’hémisphère sud dans des plantes en pot, les plathelminthes, des vers plats, sont de redoutables mangeurs de lombrics et d’escargots, ce qui provoque des dégâts dans les sols.

Il va falloir s’y faire. À leur patronyme comme à leur présence. Les plathelminthes terrestres, des vers plats en provenance de l’hémisphère sud, sont scientifiquement identifiés en France depuis un an. Sept espèces différentes sont aujourd’hui recensées sur le territoire national. Ce qui ne veut pas dire qu’elles ont toutes débarqué en même temps dans l’Hexagone.
“On a des informations sur des présences de ces animaux depuis 2002, mais aucun laboratoire français ne travaillait sur le sujet, il n’y avait pas de programme de recherche les concernant”, explique Jean-Lou Justine, professeur de zoologie au Muséum national d’histoire naturelle, qui centralise les connaissances sur ce sujet tout neuf.
Ces étranges bestioles arrivent d’un peu partout : d’Asie du sud, d’Australie, de Nouvelle-Guinée… Leur seul point commun ? Un voyage très probablement accompli en compagnie d’une plante en pot importée en France. Depuis l’hémisphère sud, ou depuis un pays voisin infesté avant la France.

Moins spectaculaires que le frelon asiatique ou la grenouille taureau, les plathelminthes pourraient pourtant occasionner de sérieux dégâts au biotope français. Ces invertébrés sont généralement friands de nos bons vieux vers de terre, les lombrics, et d’autres minuscules animaux de surface.


Or cette biodiversité méconnue est essentielle pour le bon état des sols. Les lombrics creusent ainsi des galeries qui aèrent la terre et garantissent sa perméabilité. “Dans des régions de Grande-Bretagne envahies par les plathelminthes, on constate localement des inondations qui peuvent probablement leur être attribuées”, note ainsi Jean-Lou Justine.
Il y a deux mois, le Muséum a sonné le tocsin quand le plathelminthe de Nouvelle-Guinée a été à son tour pris par la patrouille. Considéré comme l’une des 100 espèces exotiques envahissantes les plus néfastes au monde, ce machin de cinq centimètres de long a été repéré à un seul endroit : dans une serre du Jardin des Plantes de Caen, en Basse-Normandie. Tout est fait pour qu’il n’en sorte surtout pas. Il vaudrait mieux, l’animal ayant pour hobby d’avaler tout cru les escargots.
“Ce plathelminthe vit dans les montagnes de Nouvelle-Guinée, où les températures peuvent être froides. La probabilité qu’il s’installe ici n’est pas nulle. On n’a pas de raison de penser qu’il sortira de sa serre à Caen, mais rien n’empêche qu’un autre spécimen arrive demain dans un pot de fleurs ! Et je ne connais pas de moyens techniques efficaces pour contrôler un container qui contient 10 000 pots de fleurs”, indique le chercheur.

Dans les îles britanniques, colonisées avant l’Hexagone, la bataille est d’ores-et-déjà perdue.

Confrontée à ce nouveau danger, la France peut espérer se débarrasser de certaines espèces de plathelminthes. Mais pour d’autres, la partie est mal engagée. Le parakontikia ventrolineata australien s’est ainsi acclimaté dans le sud de l’Angleterre avant de faire souche en Bretagne où il prospère depuis au moins trois ans. “Il est là pour toujours”, juge Jean-Lou Justine.
Le problème majeur tient au fait que les sept espèces n’ont pas de prédateur connu en France. Les poules ne les mangent pas, leur goût étant apparemment exécrable pour les gallinacées. Dans les îles britanniques, colonisées avant l’Hexagone, la bataille est d’ores-et-déjà perdue. Le pays a adopté une législation pour limiter autant que possible leur propagation mais il a abandonné la lutte sur le terrain. Là-bas, le plathelminthe de Nouvelle-Zélande a commis des dégâts considérables sur les populations de vers de terre. Cette espèce ne semble pas avoir encore rampé sur le sol français. Pour combien de temps ?
Sud Ouest
(Merci à LordSebbeck)

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