Tribune de François Sergent dans Libération.
Il y a, dans les résultats encore estimés du Front national, l’échec de la classe politique française bien sûr, mais aussi de ses médias, de ses enseignants et de ses clercs. L’échec d’un pays.
Le peuple a voté et pour la première fois dans l’histoire de France, il a placé en tête un parti d’extrême droite, xénophobe, raciste et populiste.
Le FN est bel et bien enraciné, ancré dans le territoire. La préférence FN est le choix de près d’un quart des Français. Un choc pour la France mais aussi pour toute l’Europe, elle aussi traversée par des mouvements europhobes et populistes. Il reste qu’aucun autre pays ne connaît depuis si longtemps et si profondément une vague le Pen père et fille. Le FN s’est nourri comme une tumeur de l’impopularité des politiques du président et du gouvernement socialistes. Il a tout autant profité d’une droite hésitant entre le discours républicain et la tentation extrémiste, explosée par des scandales à répétition.
Pour ces élections, le FN a imposé ses thèmes dans l’espace politique : l’identité nationale, l’hégémonie de Bruxelles, la peur de l’étranger et de l’immigré, les méfaits de l’euro. Tous les autres partis à l’exception peut-être des Verts et du Front de gauche ont dû jouer en défense.
Rien ne paraît fonctionner contre cette vague brune et marine : ni les imprécations, ni la diabolisation, ni le cordon sanitaire, ni l’excommunication.
La droite qui ne profite pas de la faiblesse du gouvernement risque l’éclatement. On va voir qui à l’UMP se laissera tenter par les sirènes populistes à la Buisson. Mais, la gauche socialiste est tout autant en procès. Son électorat populaire l’abandonne préférant l’abstention ou les extrêmes.
Libération