«Le PS se montre incapable d’incarner la gauche. Quand Hollande décide de ne pas mettre en place les récépissés contre les contrôles aux faciès ou de ne pas accorder le droit de vote aux étrangers, c’est qu’il pense que, parmi ses électeurs, il y a peut-être des gens racistes. Quel signal envoie-t-on à gauche quand on nomme Valls Premier ministre, le candidat le plus à droite des primaires et arrivé dernier? Cela revient à dire: “N’allez plus voter, cela ne sert à rien”.»
«Il y a un problème de renouvellement de la classe politique. J’ai été frappée en regardant la soirée électorale : ceux qui incarnent la jeunesse, le renouvellement, ce sont les gens du FN. En face, ce sont des Juppé et des Fabius. L’image est terrible.»
«Le terrain de l’ascension du FN a été préparé de longue date par les partis au pouvoir. C’est l’échec de la stratégie du cordon sanitaire. L’erreur a été d’attaquer le FN sur un terrain strictement moral et pas sur celui des idées politiques. On a ciblé les Le Pen en laissant leurs discours prospérer et se diffuser, voire en les reprenant. Je pense au débat sur l’identité nationale, à tous ceux sur l’islam, au discours de Grenoble.
Il y a une responsabilité de ceux qui ont puisé dans le registre politique du FN. Ce fut surtout le cas de la droite, mais la gauche aussi est allée sur ce terrain ou ne l’a pas combattu. Il ne faut pas oublier qu’elle n’a pas condamné Valls lors qu’il a dit que les Roms avaient vocation à retourner en Roumanie. Laissant ce genre de propos imprégner encore plus le discours politique. Il n’y a plus personne à gauche pour oser dire que l’immigration n’est pas un problème. C’est un vrai basculement.»
Source : Libération du mardi 27 mai 2014 – Page 4.