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Papier de Daniel Makonnen, responsable de la communication de la Licra

Le think tank britannique Quilliam a récemment publié une étude d’une centaine de pages sur l’état de l’extrémisme musulman sur le web et les moyens de contrer son influence (“Jihad Trending: A comprehensive analysis of online extremism and how to counter it”).

Ce rapport contient des éclairages intéressants sur la lutte contre la haine sur internet en général. Je propose de discuter les analyses et conclusions de l’étude Quilliam dans le cadre du débat sur les moyens de limiter l’influence des discours racistes et antisémites dans l’espace digital.

Caricatures, théories complotistes et commentaires haineux : les contenus de la fachosphère

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Les auteurs du rapport Quilliam ont réalisé un travail de fond sur les processus de recrutement et d’embrigadement des communautés en ligne dans les groupes d’action islamistes. Leurs remarques sur la nature des contenus web diffusés par les organisations extrémistes sont particulièrement intéressantes. […]

Ce constat s’applique également aux plateformes diffusant une idéologie raciste et antisémite. Voici une courte typologie des contenus haineux que nous voyons défiler chaque jour à la Licra :

  • Les contenus ludiques : il s’agit de caricatures, de bandes-dessinées et d’illustrations faisant écho à l’actualité, de vidéos mi-sérieuses mi-grotesques, reprenant les codes d’une culture “troll” fondée sur la dérision, la récupération et le commentaire. […]
  • Les contenus fleuves : ce sont de longs textes qui imitent le style de tribunes d’analyse pour véhiculer des théories complotistes et une idéologie raciste, antisémite et xénophobe. On trouve ce type de contenus sur des plateformes d’extrême droite comme Riposte Laique ou Fdesouche. Le danger de ces sites est double : les textes publiés peuvent, de par leur forme, sembler “fiables” et sérieux à un public non averti, et ces articles, bien référencés et produits en masse, arrivent en tête des résultats sur les moteurs de recherche. Ainsi, quand on tape “chambre à gaz” sur Google, on est sûr de tomber sur au moins un ou deux sites négationnistes en première page de résultats. Il en va de même lorsqu’on effectue une recherche sur l’islam en France : les articles et vidéos anti-musulmans arrivent dans les premiers résultats. […]

Des règles à respecter, un territoire créatif à explorer

Que faire face à la diffusion et à la multiplication de ces contenus haineux ?

Pour les auteurs du rapport Quilliam, il y a deux réponses à la lutte contre l’extrémisme sur internet : les mesures négatives (la suppression de certains contenus) et les mesures positives (la diffusion d’un contre-discours, “counter-speech” en anglais, par un nombre important d’internautes). Cette classification binaire, peut-être pertinente dans le combat contre l’intégrisme en Grande Bretagne, n’est pas adaptée à la lutte antiraciste en France, où la diffusion d’un contre-discours ne peut être pensée sans l’application à faire respecter la loi et à la rendre connue des utilisateurs. […]

Construire le contre-discours : qui fait quoi?

Le rapport Quilliam fait des recommandations concrètes pour combattre l’extrémisme sur le web. Elles sont majoritairement pertinentes pour la lutte antiraciste : améliorer l’éducation à la consommation de contenus numériques dans les écoles, encourager la mise en place de plateformes sociales qui mettent à mal la propagande d’idéologies haineuses sur le web, établir un organisme central qui offre financements et formations pour les initiatives œuvrant à la lutte contre l’extrémisme, etc. […]

Huffington Post

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