Le plus grand champ de pétrole de schiste des États-Unis, en Californie, vient de voir son potentiel diminué de plus de 95 %. Les industriels gardent la foi, tandis que les écologistes y voient l’occasion de mettre fin aux activités de fracturation hydraulique.
Mercredi 21 mai, l’Agence d’Information sur l’énergie (IEA), dépendante du ministère de l’Énergie des États-Unis, a infligé un coup dur au champ de pétrole de schiste de Monterey en Californie. Cette formation géologique était censée contenir l’un des plus grands volumes de pétrole non-conventionnel aux États-Unis avec la bagatelle de 13,6 milliards de barils, soit près d’un an et demi de la consommation du pays.
Mais au regard des difficultés pour exploiter ce champ, l’agence américaine a abaissé le volume techniquement récupérable de… 95,6 %, à 600 millions de barils.
La cause est purement technologique. Le potentiel du champ est abaissé en raison “des difficultés de l’industrie pour produire dans cette région”, explique Adam Sieminski, administrateur de l’IEA. “Tous les réservoirs ne sont pas créés égaux (…) il se révèle plus difficile de fracturer la roche et d’en extraire le pétrole”, explique-t-il. Comprendre : le pétrole est bien dans le sol, mais les techniques de fracturation hydraulique et d’acidification ne sont pas aussi efficaces que sur d’autres grands champs de pétrole de schiste aux États-Unis comme au Texas ou en Pennsylvanie.
“Ça reste beaucoup de pétrole”
Du côté des industriels impliqués sur le site, on modère la mauvaise nouvelle en misant sur l’évolution des technologies pour revoir ces chiffres à la hausse. “Le pétrole est toujours là. C’est une question de technologie, c’est une question de compétences, d’expérience et d’esprit d’initiative […] (Les pétroliers) vont résoudre ce problème et accroître la production du champ de Monterey”, explique Catherine Reheis-Boyd, présidente de l’association industrielle Western States Petroleum Association. Elle ajoute : “Qu’il y ait 15 milliards de barils ou 600 millions ou quelque chose entre les deux, ça reste beaucoup de pétrole”.
Autant dire que l’analyse n’est pas la même du côté des associations environnementales, très présentes en Californie. Pour eux, la nouvelle estimation est l’occasion de stopper les activités autour des hydrocarbures non conventionnels. Le collectif “Californians against fracking” (les Californiens contre la fracturation) a écrit une lettre ouverte au gouverneur de Californie, Jerry Brown. ” La bombe de l’IEA vous donne une nouvelle occasion de faire le bon choix et d’arrêter la fracturation”, écrit le collectif.
Au-delà du champ de Monterey, le pétrole de schiste est un enjeu majeur pour les États-Unis. Avec la découverte et la mise en exploitation des réserves d’huile et de gaz de schiste, le pays de l’Oncle Sam, premier importateur de pétrole au monde, espérait atteindre une certaine indépendance énergétique dans les années à venir… Le pays pourrait même dépasser le premier producteur mondial, la Russie, à condition de ne pas avoir de nouvelles mauvaises surprises.
(Merci à Eisbär)