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[extraits] [Nous recommandons la lecture de l’article intégral]

France – Journal d’un prof débutant

(…) Ilyès se moque de sa prof d’histoire. Il privilégie un ton outrageusement affecté, emploie un vocabulaire soutenu et de manière très maladroite. Il parvient à déclencher immédiatement l’hilarité générale de la classe. «C’est sans conteste l’un des éléments les plus retors que j’ai dans mes classes”, déplore la jeune enseignante.
Ilyès ne lâche pas le morceau et devient si pénible que la classe finit par ne plus rire du tout. À la fin de l’heure, Sophie l’emmène chez le CPE. Le conseiller d’éducation : “Ilyès, est-ce que tu as un problème avec les femmes ?” Ilyès cesse illico de faire le coq et fond littéralement sur sa chaise, bredouillant : “Non, euh, non…”

Le CPE explique à la prof novice : “Il a un problème avec les femmes, il n’a jamais connu d’incident avec les hommes. En fait, il est impossible pour lui d’être sous l’autorité d’une femme, cela le rend incontrôlable.”

Lorsque Sophie avait demandé aux élèves de formuler des hypothèses expliquant la plus longue longévité des femmes, Ilyès avait répondu : “Parce qu’elles passent leurs journées au lit.” Lors d’un autre cours, le jeune homme estime que si le taux de fécondité est plus important dans certains pays, c’était parce que “faire des enfants, cela occupe les femmes”.
Et de se souvenir aussi du “sale Française” qu’elle avait essuyé au premier trimestre : “Peut-être était-ce moins une insulte purement raciste que la formulation confuse d’une perception violente de ségrégation dans leur quotidien.

Effectivement, les seuls Blancs que les élèves côtoient sont des profs. C’est d’ailleurs l’une des premières choses qui m’a frappée, lorsque je suis arrivée le premier jour : dans le bus, j’étais quasiment la seule Blanche, avec quelques autres qui sont eux aussi descendus à l’arrêt du collège.”

(…) Les profs ont, eux aussi, une image selon leur sexe ou la couleur de leur peau ! Lorsqu’une élève noire est venue voir sa prof d’histoire pour lui parler du remplaçant de sa prof de français –  dont elle ne connaissait alors que le nom de famille -, la jeune fille a lancé :

“C’est trop nul, il va être noir. (…) Il va être nul, c’est sûr, il va nous casser les oreilles, être méchant, autoritaire et sévère ! Vous voyez, vous, ce n’est pas pareil, avec vos yeux bleus, vos longs cheveux…”

“J’ai compris que le simple fait d’être une enseignante à la tronche de bourgeoise blanche parisienne leur avait donné le sentiment d’être considérés par la société. On leur envoyait de vrais profs.”

Et puis il y a eu cet enseignant qui avait rapporté les propos d’un élève : “Monsieur, vous qui êtes noir, pourquoi vous ne défendez pas les droits de votre race, pourquoi êtes-vous du côté des profs ?”
Cet autre intervenant, enfin, invité dans un cours de Sophie n’avait-il pas commencé son allocution en lançant aux élèves : “Bon, on ne va pas se la jouer, je suis comme vous, je suis rebeu” ?

Le Point

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