C’est l’une des nouvelles figures du Front national. Bernard Monot, 52 ans, est arrivé en tête aux élections européennes dans la circonscription centre, avec 24,18 % des suffrages. Il a distancé Brice Hortefeux, proche de Nicolas Sarkozy, qui a recueilli 21,38 % des voix. Tout un symbole.
Inconnu du grand public, Bernard Monot travaillait jusqu’alors à la Caisse des dépôts. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il officiait au FN sous le pseudonyme de Nicolas Pavillon.
Il fit d’abord ses premières apparitions publiques au compte-gouttes, toujours lors de rendez-vous frontistes consacrés à l’économie. Il est ensuite devenu de plus en plus visible au FN, jusqu’à sa déclaration de candidature, fin février. Auparavant, il prenait un luxe de précautions pour rencontrer les journalistes, très soucieux de ne pas « griller » sa couverture.
M. Monot se revendique libertarien en matière économique. Ce qui peut apparaître contradictoire avec le discours interventionniste de Marine Le Pen. Il assure néanmoins qu’il « défend les principes de l’économie de marché protégée et régulée raisonnablement dans le cadre d’un État de droit ».
Adhérent au FN depuis 1989, il était allé, fin 2005 et de sa propre initiative, voir Jean-Marie Le Pen pour lui parler monnaie et systèmes de changes. A l’époque, le président du FN l’avait chargé de rédiger une note trimestrielle sur les perspectives économiques et leurs conséquences politiques. En 2007, Bernard Monot franchit un cap dans la hiérarchie des conseillers les plus écoutés de Marine Le Pen.
Cette année-là, Mme Le Pen déjeune avec lui. A cette occasion, il dresse un tableau apocalyptique : « Le système bancaire est insolvable, la monnaie va dégringoler, le système économique est à bout de souffle. »
Il enchaîne : « Le balancier va revenir vers nous, il faut le choper au passage. Est-ce que vous voulez arriver au pouvoir ? » Et d’exposer : « C’est l’économie et le social qui vont nous y amener. Il va falloir qu’on travaille. » Un an plus tard, c’est la crise des subprimes. Les faits lui ont donné raison. Et au FN, où l’expertise macroéconomique et financière est peu répandue, M. Monot est regardé comme un prophète.
Il est est maintenant l’une des chevilles ouvrières du programme frontiste. Il revendique la modélisation du « plan de désendettement de la France » de Marine Le Pen et dit être à l’initiative de la « doctrine du FN sur la monnaie, le financement de l’État, l’emploi et les retraites ».
Il assure également être « chargé des affaires économiques, monétaires et bancaires de la zone euro ». A coups de présentations Powerpoint qu’il affectionne tout particulièrement, il forme aussi les membres du FNJ.
Bernard Monot fait ainsi partie de ces experts dont la présence est constamment mise en avant par la direction du FN, très soucieuse de « faire sérieux ».
(Merci à Charly)