Jean-Yves Camus, chercheur spécialiste de l’extrême droite en Europe, explique ce qui pourrait changer pour les communautés musulmanes installées par exemple en France.
-L’immigration maghrébine est remise en cause souvent par les responsables du FN dans tous les maux que vit votre pays. Y aura-t-il une réaction de part et d’autre ?
Le programme actuel du FN consiste, officiellement, non plus à inverser les flux migratoires, donc à renvoyer les immigrés, mais à limiter le nombre d’entrées à 10 000 par an. Je ne suis pas certain que cela satisfasse le militant frontiste de base, pour qui toute immigration extra-européenne est à bannir, d’autant plus quand elle est musulmane.
D’un autre côté, le FN ne peut plus ignorer que cette immigration est définitive et qu’il existe une proportion significative de gens qu’on appelle immigrés et qui, dans les faits, sont français. A ceux-là, Marine Le Pen dit que leur place est en France s’ils s’assimilent et le FN précise que cette assimilation nécessite que le «nouveau venu» abandonne une partie de son identité. Cette exigence me paraît impossible à remplir. Je suis favorable à l’intégration, pas à la disparition des différences.
El Watan