Sur votre route, vous croisez 60 camions de police, ce qui ne manque pas de vous rappeler que vous passez vos journées à l’endroit qui intéresse tous les terroristes ayant des projets en France. Une pensée vite évacuée en découvrant que votre open-space côtoie le bâtiment d’une ambassade exotique : j’ai par exemple la chance d’avoir l’ambassade du Pakistan comme voisin de derrière. L’Égypte, le Kazakhstan, ou encore le Qatar se trouvent aux alentours.
La police donc, est en surnombre. Elle protège les milliers de touristes qui marchent à deux à l’heure, massés les uns à côté des autres, et qui ne résistent jamais à l’envie s’arrêter au milieu du passage pour faire un selfie.
De l’autre côté, on croise de nombreux Roms qui font signer leurs “pétitions”. Et, le soir venu, des racailles. Beaucoup : l’avenue devient particulièrement appréciée de de ceux qu’on appelle les “harceleurs de rue”.
Récemment, une journaliste d’une célèbre radio située dans le quartier m’a confié avoir peur en sortant du travail pour la première fois de sa vie. Une autre m’a raconté qu’elle passait toujours des coups de téléphone pour rejoindre le métro afin d’éviter d’être importunée.
Il est 20h, vous êtes exténué et votre rêve est de rejoindre un canapé confortable pour glander devant la Ligue des Champions. Oui, eh bien vous allez d’abord refaire un petit tour sur la ligne 1, et quelle surprise : un incident technique vient de se produire !
C’est donc collé-serré contre un cadre de la Défense que vous rentrerez chez vous. Vous pouvez deviner son haleine tiède glisser sur votre nuque. En face, une jeune femme se concentre sur un jeu de merde pour smartphone en écoutant de la musique.
En dévisageant peu à peu la rame, vous vous rendez compte que vous êtes entouré de zombies. Des regards totalement vides, des mains qui s’accrochent mécaniquement aux barres, des gens dont on se doute qu’ils ne pensent à rien.
Et si on parlait un jour de l’état mental des salariés du tertiaire dans ce pays ? Tous les jours, je repère les hommes et les femmes que je soupçonne de se défoncer pour tenir le coup. Il doit y avoir plus de d’alcooliques et de cocaïnomanes sur la ligne 1 à 18h30 que dans une boite des Champs quelques heures plus tard.
Énorme surprise : le voyage se transforme soudainement en reportage de “90 minutes enquêtes”. Un gang de petites roms vient d’entrer dans la rame pour dévaliser les touristes chinois. Elles sont en train de travailler sous le regard de Parisiens écœurés mais impuissants. Que faut-il faire ? Prendre le risque d’intervenir ? Je me souviens alors de cette jeune femme violée dans le métro de Lille dans l’indifférence des autres usagers….