Créé il y a cinq ans, le revenu de solidarité active (RSA) voit son efficacité dans la lutte contre la pauvreté compromise par le fait que près de la moitié des personnes qui y auraient droit ne le demandent pas, et une réforme, promise, tarde à se concrétiser. […]
Fin 2013, le RSA était versé par les caisses d’allocations familiales (CAF) à 2,3 millions de foyers (+ 7 % en un an), pour un coût de plus de 10 milliards d’euros. Les défauts de cette prestation sont vite apparus. En décembre 2011, un rapport du comité national d’évaluation avait souligné que 49 % des personnes éligibles n’en étaient pas bénéficiaires (35 % pour le RSA socle, 68 % pour le RSA activité). Le comité avait jugé “modeste” l’impact du RSA activité sur le taux de pauvreté […].
Le Point
Malgré ce manque de succès auprès des Français, le RSA fait paradoxalement partie des prestations sociales les plus soumises à la fraude détectée par les caisses d’allocations familiales indique Le Figaro.
[…] Un travail du Centre d’études pour l’emploi, intitulé Le pari perdu de la réduction de la pauvreté par le RSA”, soulignait à nouveau les échecs du RSA. En étudiant la trajectoire des allocataires, les chercheurs montraient que 69% des personnes touchant le RSA socle en 2010 étaient encore bénéficiaires en fin d’année, et ne reprenaient donc pas une activité. […] Le RSA échoue donc aussi bien à favoriser le retour à l’activité qu’à améliorer les revenus. L’étude critique une usine à gaz, où le défaut d’information, la difficulté des démarches, et le manque d’indicateurs fiables empêchent une action efficace. Sans oublier l’image négative du RSA, qui freine les personnes concernées à demander à en bénéficier. […]
RFI
[…] La gauche est consciente de ces limites. Mais le chantier lancé pour améliorer ce dispositif reste au point mort. En effet, le rapport remis à Matignon en juillet 2013 par député PS Christophe Sirugue, qui préconisait notamment de renforcer l’incitation à l’emploi en fusionnant le RSA activité avec la prime pour l’emploi (PPE), autre mécanisme d’aide aux travailleurs pauvres, n’a jamais trouvé de suite.
Le principal point de blocage est budgétaire. Le RSA activité et la prime pour l’emploi coûtent déjà chaque année 4 milliards d’euros pour 5,2 millions d’allocataires. Le gouvernement, lorsqu’il s’interroge sur la manière dont le dispositif pourrait être amélioré, ne parvient pas à trouver le juste réglage qui permettrait de protéger l’ensemble des publics fragiles sans pour autant faire déraper les comptes publics. […]
La Croix