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Pour Pierre Lénel, Marie-Cécile Naves, Virginie Martin et Maylis Buonomo ( Think Tank Different), le vote FN est «d’ordre civilisationnel» et traduit également un problème de représentativité politique.
Le site du Think Tank Different.

Il faut se rendre à l’évidence et accepter d’aborder le débat sous un nouvel angle : la question du vote FN est bel et bien une question culturelle, religieuse, et d’ordre civilisationnel.

Le 25 mai 2014, à 20 heures, les premières estimations des résultats aux élections européennes tombent : 25% pour le Front national. Un nouveau séisme politique, après celui du 21 avril 2002, frappe la France. A 20 h 05, Jean-Luc Mélenchon est interrogé sur la source de ce bouleversement dans le champ politique français. Deuxième secousse : la question civilisationnelle et religieuse est évoquée dans l’analyse du résultat. Enfin !

Oui, enfin, car généralement, le vote FN est associé à des raisons économiques : il suffirait de réduire le taux de chômage, d’augmenter le pouvoir d’achat des Français pour que, mécaniquement, le vote FN disparaisse.
Bien sûr, la question économique est centrale, et d’ailleurs le FN lui-même élabore un discours (autour du protectionnisme économique notamment) censé répondre à cette dimension du mécontentement. Mais peut-on pour autant considérer que, comme beaucoup l’avancent, une fois la situation économique sous contrôle, le discours frontiste ne ferait plus recette ?
Que penser alors de la situation autrichienne ? Un pays où le chômage ne dépasse pas les 5% vient également de connaître un cataclysme, avec un FPÖ rassemblant 20% des votes, contre 12,7% en 2009. Et du Danemark, le «pays du bonheur» (sic), où l’extrême droite du Parti populaire est arrivée en tête avec 27% ? Et du Royaume-Uni où, pour la première fois, travaillistes et conservateurs se font devancer, qui plus est par les eurosceptiques libertariens et anti-islam de l’Ukip (27%) ? […] Mais ce trouble civilisationnel ressenti par nombre de nos concitoyens peut-il véritablement se résoudre et trouver une issue satisfaisante sur le socle du fantasme d’une altérité impossible et inacceptable, illustré de manière plus ou moins directe par les concepts d’identité nationale, de souveraineté nationale ou encore de patriotisme ? Ne faut-il pas rompre avec la centralité de la thématique de l’identité ?
Il est alors grand temps de dire non à cette polarisation de notre vie politique autour du FN en proposant un autre projet de société fondé sur l’acceptation du cosmopolitisme. Celui-ci n’est pas la simple reconnaissance de la diversité, encore moins du trop fameux multiculturalisme qui fait office d’épouvantail dès que l’on veut quitter les rivages rassurant de la république. […] Enfin, dimanche soir, Marion Maréchal-Le Pen a dénoncé le manque de démocratie et évoqué une éventuelle dissolution du Parlement : «La majorité des Français n’est représentée que par deux députés [FN].» Il est là aussi une critique à laquelle il faut répondre. Et la réponse est loin de ne concerner que la question du scrutin proportionnel. Il existe une noblesse d’Etat qui privatise les pouvoirs et les concentre, et il est évident qu’il devient nécessaire d’ouvrir ceux-ci aux citoyens, à la société civile. […] Libération

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