« La municipalité de Bourj-Hammoud (aujourd’hui l’un des quartiers les plus multiculturels de Beyrouth) informe les habitants étrangers (Syriens) qu’il leur est interdit de circuler entre 20 heures et 6 heures ».
Un malaise qui résulte d’une difficile cohabitation entre les citoyens libanais de toutes communautés d’une part, qu’ils soient arabes ou arméniens, comme on les appelle ici, et les Syriens réfugiés, travailleurs migrants ou habitants de longue date. Car le quartier est encore sous le choc après une rixe entre deux groupes rivaux d’habitants.
« Nous sommes envahis par les Syriens. Je ne me sens plus en sécurité dans mon quartier », affirme Marie, une commerçante arménienne. Elle fait part de sa peur d’être zyeutée, frôlée, harcelée. Arménien d’origine aussi, Antranik se dit touché par la concurrence déloyale des Syriens. Baissant la voix, il accuse les Syriens kurdes d’être à l’origine de l’insécurité dans son quartier. « Ils jouent les caïds et personne ne peut rien contre eux », dénonce-t-il, invitant les autorités à mettre en place des lois pour « réglementer leur présence et protéger les Libanais ».
Les beaux jours semblent loin où les trottoirs de Bourj-Hammoud grouillaient de monde, où les Beyrouthins et les touristes étrangers s’achalandaient dans ce quartier réputé pour ses prix abordables. Le couvre-feu imposé aux ressortissants syriens rassure certains, dérangés par leur présence, influencés par les rumeurs les plus folles. « J’ai peur de circuler seule la nuit. J’évite leurs ruelles. On dit qu’ils sont armés, qu’ils portent des couteaux et des bâtons », confie une habitante. Un jeune renchérit : « Qu’ils rentrent chez eux. Ils embêtent nos femmes et prennent nos emplois. »
(Merci à Lilib)