Un rapport publié récemment par le think-tank “Policy Exchange” démontre que 80% de la croissance démographique est aujourd’hui le fait des minorités ethniques en Grande-Bretagne, une tendance qui les amènerait (d’après estimation) à représenter un tiers des Britanniques en 2050. Une évolution à la hausse qui est aussi envisageable pour d’autres pays d’Europe de l’Ouest.
Atlantico : A quel point les projections démographiques publiées récemment par Policy Exchange (en anglais ici) semblent raisonnables ?
Laurent Chalard : Les projections en démographie sont toujours un exercice hasardeux car elles reposent sur un certain nombre de présupposés concernant le solde migratoire et la fécondité, deux facteurs qui peuvent varier de manière importante sur le long terme sans qu’il soit possible de savoir dans quel sens. En conséquence, le chiffre avancé par le think-tank Policy Exchange repose sur une poursuite des tendances actuelles. Il relève donc du champ du possible, sans qu’il soit sûr que ce chiffre sera effectivement atteint.
En effet, il repose sur l’hypothèse d’une poursuite de l’immigration en Grande-Bretagne à des niveaux élevés alors que le gouvernement Cameron semble vouloir limiter drastiquement les entrées, et le maintien d’un différentiel de fécondité entre les « anglais » et les minorités ethniques, qui pourrait cependant se résorber. Quoi qu’il en soit, le pourcentage des minorités va augmenter car le phénomène est déjà inscrit dans la structure par âge (un quart des enfants de moins de 10 ans sont issues des minorités ethniques) et il est renforcé par le fort déficit migratoire des « nationaux » (ou “natives” selon le terme britannique, NDLR), vers l’Australie en particulier, la seule interrogation concernant l’ampleur de cette hausse. Le travail du Policy Exchange apparaît donc un exercice intéressant pour faire prendre conscience aux dirigeants britanniques de l’inéluctabilité du renforcement du caractère multiculturel de l’île, que le taux de minorités réellement atteint en 2050 soit de 25 % ou de 33 %.
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La France compte aussi parmi les premières terres d’immigration du Vieux Continent. Est-elle amenée à le rester sur les prochaines années ? Dans quelles proportions ?
Selon l’Insee (Borrel, Lhommeau, 2010), il y a 11,8 millions personnes d’origine étrangère sur deux générations en France en 2008, soit 19 % de la population. Le principal flux entrant en France relevant du domaine du regroupement familial, sauf changement de politique, il est consécutivement voué à se poursuivre à un rythme identique, d’autant plus que la pression démographique dans ses anciennes colonies d’Afrique va s’accentuer dans les décennies à venir, ce qui sous-entend vraisemblablement une augmentation sensible de l’immigration clandestine. Comme le Royaume-Uni et l’Allemagne, la France est donc appelée à devenir un pays avec une part non négligeable de minorités ethniques en 2050, approchant aussi du tiers de la population totale.
La principale différence par rapport à la plupart des autres pays européens est que les effectifs des « français » ne diminueront pas du fait d’une fécondité plus élevée. Seule leur part dans la population totale se réduira.
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Merci à oxoxo