Charles Consigny se désespère de voir que beaucoup de questions de société ne sont évoquées que par le FN et se désespère encore plus de sa percée.
Le nouveau Front national ne vaut pas mieux que l’ancien…… mais il faut entendre ses électeurs.
Il est devenu courant d’entendre dire qu’il ne faut pas confondre l’ancien Front national avec le nouveau, la vieille garde du père avec les nouvelles têtes de la fille, les antisémites avec les islamophobes. Cette mise en garde a redoublé lors de la récente polémique engendrée par la grotesque et infâme métaphore dont M. Le Pen a usé à propos de M. Bruel.
Les artistes pétés de thunes qui s’indignent du score du Front national alors qu’ils en sont pour partie responsables sont certes ridicules, presque toujours. […]
Je ne suis certes pas un prolétaire et je ne ferai pas semblant de l’être. Je n’en emprunte pas moins le RER régulièrement. Et que vois-je ? Que sur la ligne C, un bon quart des voyageurs s’habillent, pour les femmes, de tchadors et autres niqabs, et pour les hommes, de djellabas par-dessus lesquelles flottent leurs barbes traditionnelles. À la radio, l’autre jour, j’entendais “Monique, 62 ans”, qui expliquait avoir “toujours eu des voisins algériens, avec qui ça se passait très bien”, “toujours travaillé avec des personnes d’origine étrangère, sans rencontrer de problèmes”, mais avoir dû, il y a cinq ans, quitter la ville de banlieue où elle habitait avec le sentiment d’avoir été “chassée” de chez elle par des gamins qui, entre autres faits d’armes, pissaient sur les murs. N’allez pas chercher ailleurs le bon score du Front national : on a le droit d’être heurté par ces changements. On a le droit de les refuser. On a le droit de demander aux responsables politiques qu’ils prennent des mesures sérieuses pour s’y opposer. On a le droit de vouloir que la France reste la France.
Les partis dits de gouvernement sont aujourd’hui en ruines. Ils se reconstruiront, et ne pourront alors faire l’économie de cette question, qu’il faudra prendre de face, avec courage et sans hypocrisie. Car ce n’est pas vers le Front national qu’il faut se tourner : les nouvelles têtes ne valent pas mieux que les anciennes.
Autour de Jean-Marie Le Pen, il y avait tout un ramassis d’anti-gaullistes formant une élite d’extrême droite assez classique. Autour de Marine Le Pen, il y a son petit ami, sa nièce, un géopoliticien paranoïaque admirateur de Bachar el-Assad, la risée de tous les barreaux de France et un énarque dont personne n’a voulu ailleurs. Pour sympathiques qu’ils soient, cette bande de bras cassés vaguement consanguine ne saurait représenter une équipe apte à diriger la France, et son discours ne porte aucun espoir de redressement de notre pays. Il n’en reste pas moins que, par les autres partis, Monique, 62 ans, a été oubliée.
