L’ex-directeur de cabinet de Sarkozy est accusé d’avoir détourné des fonds publics dans l’affaire des primes de police, selon une première analyse du parquet financier.
Claude GUÉANT renvoyé en correctionnelle pour détournement de fonds publics : c’est ce que préconise un projet de réquisitoire remis, la semaine dernière, au procureur national financier Eliane Houlette. Sur la base de l’enquête menée par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), après plusieurs mois d’investigations et des dizaines d’auditions, ce document de travail livre une première analyse des faits reprochés à celui qui fut, de 2002 à 2004, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy.
Durant cette période, Claude Guéant aurait réclamé le décaissement de 240 000 à 288 000 EUR sur les fonds d’enquête spéciaux (FES) en principe destinés à défrayer les policiers en mission. Environ une moitié aurait été ventilée à ses collaborateurs sous forme de primes, l’autre venant directement compléter son propre salaire de préfet…
Les sommes en question, entre 10 000 et 12 000 € par mois, étaient remises en liquide. Non déclarées, elles échappaient du même coup à l’impôt. Entendus sous le régime de la garde à vue en décembre 2013, Claude Guéant et Michel Gaudin ont tous deux reconnu leur existence. Il s’agissait, ont-ils expliqué en substance, de compenser le manque à gagner résultant de la disparition des fonds spéciaux, traditionnellement distribués sous forme de primes au sein des ministères, jusqu’à ce que Lionel Jospin décide, en 2002, d’y mettre fin.
Selon les évaluations du parquet, Claude Guéant conservait chaque mois entre 5 000 et 6 000 €, soit près de la moitié des 10 000 à 12 000 € mensuellement décaissés. L’autre moitié, quant à elle, était dispatchée entre ses collaborateurs…