Mustafa Hajid , vendeur de tapis, vient de déposer son aînée de 12 ans. Sans états d’âme. La veille, ce père de famille a pourtant lu le rapport de l’inspection scolaire (Ofsted) baptisé « cheval de Troie ».
Un réquisitoire contre l’école Oldknow accusée, comme cinq autres établissements de la deuxième ville britannique, d’être sous l’influence d’islamistes radicaux. Les filles y seraient discriminées, reléguées à l’arrière des classes. Des séjours scolaires à La Mecque auraient été proposés. On y ferait régner la « peur » et l’« intimidation », marginalisant les professeurs non compatibles
Mustafa n’en croit pas un mot. « C’est politique ! S’il y avait un problème, ma fille m’en aurait parlé », assure-t-il. Originaire du Cachemire, il est musulman pratiquant, mais la religion passe après l’éducation. La plus petite de ses filles va à Holy family, l’école catholique à 400 mètres. [..]
A la sortie des classes de Park View, autre lycée visé par le rapport Ofsted, Samira, 15 ans, originaire de Somalie et future « psychiatre », et son amie Farzana qui, elle, se destine à être « avocate », ont aussi entendu parler du « cheval de Troie ». « Si on s’assoit entre filles c’est pour être avec nos copines ! », balaie Farzana-l’avocate. « Les Blancs sont jaloux parce qu’on réussit mieux qu’eux », ajoute Samira, dont on devine la chevelure de jais sous un foulard blanc.
[…] Le document a aussi ébranlé la foi britannique dans le multiculturalisme. Sous le gouvernement du travailliste Tony Blair (1997-2007), des écoles musulmanes ont pu obtenir le statut d’écoles publiques, bénéficiant des mêmes droits que des écoles juives et chrétiennes. Au nom de cette tolérance, a-t-on été trop loin, par naïveté ?Une partie de Birmingham n’est pas loin de le penser. Au White Hart, un pub du quartier populaire et blanc de Chelmsley Wood, John demande d’« arrêter tout ça ». « Ça », c’est l’« immigration massive », détaille-t-il, vantant les mérites de la France. Un pays où le voile est interdit à l’école et où la religion est une affaire privée.
[…] « Ce n’est pas la faillite d’un modèle, répond Andrew Mitchell, député conservateur, depuis sa circonscription de Sutton Coldfield. Il y a eu une faille dans le système, il faut s’assurer que cela ne se reproduira pas. » Point. « Le multiculturalisme est un fait. Nous en sommes fiers, mais il faut s’assurer du respect des valeurs britanniques », dit-il […]