Fdesouche

Par Houria Bouteldja, membre du PIR

Très cher,

Pas la peine de t’emballer par ma manière un peu cavalière de d’interpeller. Tu ne trouveras rien dans cette lettre qui puisse satisfaire tes bas instincts. La première chose que tu dois savoir c’est que, par égard pour ma personne, je ne m’autoriserai pas à descendre dans tes égouts.

Si je préfère le terme « israélite » à « juif » c’est pour te faire mal. Pour te titiller. Pour te rappeler, malgré l’illusion de triomphe qui caractérise les parvenus de ton espèce, que tu ne fais pas partie de la race des seigneurs. Tu n’es pas blanc malgré tes efforts pour atteindre cette dignité.

« Israélite ». C’est comme ça que tu t’es défini toi-même un jour sur un plateau de télé. Et c’est sous cette épithète que la République que tu chéris tant vous a enfermés toi et ta famille. Ou plus exactement où elle vous a euphémisés en tant que Juifs tout en collaborant au projet d’extermination physique de vos cousins Ashkénazes lors de la « parenthèse » vichyste. Et comble de malchance, non seulement tu es juif mais en plus tu es arabe (ou berbère mais c’est pareil). Tu es un cumulard. Tu me fais peine à voir. Tu t’appelles Zemmour quand d’autres s’appellent Klugman, Klein, Finkelstein. Tu n’as même pas eu la grâce de naître aryen !

Et dans ta haine contre nous, Musulmans et autre racaille, c’est la détestation de ta race que tu exprimes. En tant que Juif et en tant qu’Arabe.

D’abord, Tu nous en veux de résister à l’assimilationnisme auquel la République nous contraint alors que toi et ta famille y avez cédé (note que je ne vous en blâme pas étant donné la virulence de l’antisémitisme ). Nos foulards, nos barbes ostentatoires, nos mosquées, nos viandes halal te rappellent trop le sacrifice identitaire auquel tu as dû te soumettre. Oui tu nous en veux de résister.

Tu nous détestes aussi parce qu’on te rappelle que tu es arabe et ça c’est pire que juif. Et te voilà loyal serviteur des artisans de ta disparition. Je ne t’apprends rien sur le décret Crémieux n’est-ce pas ? C’est ton syndrome de Stockholm.

Ton amour pour ton oppresseur est un puits sans fond. Après avoir tué ton père et ta mère, tu veux tuer l’histoire. Cachez moi ces bougnoules qui me rappellent trop mon exil intérieur. Comme tout supplétif, tu as toujours été en tête des croisades contre nous : voile, burqa, racailles des banlieues. Et tu ne t’en lasses pas.

Tu viens de récidiver. Tu dis : « Vous ouvrez le Coran à n’importe quelle page et il y a écrit : ‘Il faut tuer les Juifs, il faut tuer les Chrétiens ». Tu sais que les Musulmans sont dans l’hexagone depuis plus d’un siècle ? Alors je te pose une question très bête : pourquoi n’ont-ils pas obéi plus tôt à ces ordres divins ? Hein ? Que répondrais-tu si d’aventure un journaliste poussait l’irrévérence jusqu’à te poser la question ? Je ris à l’idée de cette folle audace mais faisons comme si. Je vais t’aider. Très simple. Nos parents étaient illettrés. Ils ne pouvaient donc pas lire le Coran. Par contre, nous on sait lire et je ne te dis pas les dégâts que ça peut occasionner…

Ahh ! Je savais que cette explication te plairait. Elle est taillée pour les minables comme toi. Elle ne peut que te ravir le cœur. Et moi, ça me fait plaisir de te faire plaisir. Cela dit, je te reconnais une certaine cohérence. Tu n’aimes pas le foulard. Mais la kippa et les papillotes non plus. Elles t’agressent, toi le juif honteux. Moi c’est le contraire.

J’aurais de la sympathie pour tes coreligionnaires si je ne devinais chez une grande partie d’entre eux un parti pris pro-sioniste.

Parce que, tu vois, je trouve normal et même vital d’exprimer sa personnalité historique et son identité bafouée. Sur ce point, les Juifs d’ « affirmation » ont raison de résister. Une vraie politique de la « diversité » consisterait à les soutenir comme on doit soutenir par principe les Noirs et les Musulmans contre la lessiveuse nationale-républicaine.

Comme tu me fais pitié, je vais te donner un conseil non pas d’amie mais de codétenue. Nous, indigènes de la république, sommes dans la ligne de mire. Ok.

Mais les Juifs (lorsque la bonne conscience blanche s’épuisera – et crois moi, ça s’use ces choses-là) seront les prochains sur la liste.

Tu ne peux pas t’imaginer à quel point les artifices rhétoriques des faiseurs d’opinion ont travesti la réalité.

Depuis que tout le monde est convaincu mordicus que les islamo-bamboulas sont aujourd’hui le fer de lance de la judéophobie, il en oublie le bon vieil antisémitisme gaulois, sournois et tapis dans l’ombre.

Elles sont nombreuses les oreilles indigènes dans les bistrots, les bureaux, les usines, les cages d’escaliers à recevoir les confidences des « vrais » Français sur la « juiverie internationale ». Tu les entends comment ils susurrent à nos oreilles qu’ils croient complices ? Tu les entends tous ces murmures, ces bruissements ? Dans ta famille, ils sont certains à en avoir conscience. Demande à Askolovitch. Il a une idée sur la question. Si j’étais toi, tu vois, je me méfierais grave de tes amis philosémites. Ils sont comme toi, les islamophobes d’aujourd’hui, mais aussi les antisémites d’hier et probablement ceux de demain.

Je te proposerai bien de méditer la mise en garde de Fanon sur ce sujet, mais je préfère l’économiser pour ceux qui le méritent. Et pourtant… Souviens toi de Raymond Barre et de ses « Français innocents tués près de la synagogue de la rue Copernic. Souviens-toi de l’allocution de Chirac un certain 14 juillet 2004 dans laquelle il a exclu ses « compatriotes juifs et musulmans» de la francité. Comme je suis un peu perverse, ce lapsus d’État avait égayé ma journée. Qui dort par terre ne peut pas tomber de son lit. Moi, j’ai l’avantage de savoir qui je suis : une indigène. Chirac ne peut pas m’atteindre.

En revanche, à l’époque, Finkielkraut, un autre prétendant à la blanchité, s’était étranglé. Reconnais que c’était un spectacle que seuls les fins gourmets pouvaient apprécier. C’était franchement savoureux !

Et pour finir, parce que je ne peux pas conclure sans t’achever, sache que si nous combattons le soralisme et l’antisémitisme qui le sous-tend c’est pour ne pas connaître ton destin de petite frappe et de renégat.

La seule chose qui me chagrine c’est que si incha Allah notre lutte contre le racisme républicain devait aboutir, elle bénéficierait à des connards comme toi.

Bien cordialement à toi,

Houria Bouteldja, membre du PIR

PIR

Merci à ranelagh

Fdesouche sur les réseaux sociaux