[extrait de la revue de l’ABEJ, Etats d’Urgence n°23, 1er semestre 2014]
Je suis né en Guinée Conakry et j’ai quitté ce pays à 16 ans. En 2011, j’étais en Lybie. Les militaires m’ont mis dans un bateau. Nous n’étions qu’à quatorze kilomètres de l’Italie quand on a rencontré un bateau de la Croix de Malte.
C’est comme cela que nous nous sommes retrouvés à Malte, en prison.
Il n’y avait pas d’associations pour nous venir en aide.
J’ai réussi à m’enfuir avec un ami. J’ai quitté Malte par bateau. Destination l’Italie. Là-bas, j’ai pris le train, sans savoir où j’allais.
Au bout de quelques jours, je suis arrivé en France, à Lille, sans savoir où j’étais.
Lorsque je suis descendu du train, j’ai rencontré un Congolais et je lui ai demandé s’il y avait des Guinéens à Lille. Il m’a répondu que les Guinéens étaient plutôt à Paris.
Un policier m’a montré où était la préfecture. On m’a donné un papier et on m’a dit d’aller au Point de Repère [centre d’accueil géré par l’assocation ABEJ. NDLR]. La préfecture m’a dit que mes empreintes avaient été prises à Malte et que j’y avais demandé l’asile. Pourtant, je n’ai jamais demandé l’asile à Malte.
Ma demande de séjour a été rejetée et je me suis retrouvé en centre de rétention à Paris. À trois reprises, on m’a embarqué dans l’avion pour me ramener à Malte. Mais je n’ai jamais décollé, j’ai dit que je ne voulais pas partir, j’ai insisté, insisté et on m’a fait descendre de l’avion.
Je suis revenu à Lille, une avocate s’occupe de moi.
La journée, je n’ai rien à faire, mais je prends des cours de français. Je suis musulman, croyant, et cela m’aide de croire. Je ne me sens pas encore tout à fait en sécurité. Pour cela, il me faut un titre de séjour.»
Revue de l’ABEJ – PDF page 5+6
Complément : Abej Solidarité a reçu 491 231 euros de subventions publiques en 2013 du Conseil général. Voir liste des subventions ici