Extraits d’un interview de Jacques Attali par le Bondy Blog.
Vous dites qu’«avec les nouvelles technologies et l’évolution des marchés, nous sommes tous en train de devenir des intermittents ». Êtes-vous en train de devenir un intermittent M. Attali ?
J’ai toujours été un intermittent, enfin presque toujours. Un intermittent c’est quelqu’un qui fait plusieurs choses à la fois, qui n’est salarié de personne et qui a plusieurs activités.
J’ai la chance à mon âge de n’être pas tellement en situation précaire, mais je pense que tout le monde, mis à part les fonctionnaires, doit s’habituer à l’idée de se débrouiller, de créer sans cesse son propre emploi, d’avoir plusieurs emplois en même temps, de ne rien attendre de personne. C’est ça qui est l’avenir et ce n’est pas une situation négative, mais une situation positive.
C’est peut-être plus facile d’être intermittent en ayant fait l’Ena ou Polytechnique comme vous ?
Vous avez mille fois raison et c’est pour ça que mon grand combat est pour les personnes qui n’ont pas eu cette chance, même si ce n’est pas une chance de faire l’Ena, c’est du travail et Polytechnique encore plus.
Les banlieues sont les grandes déçues du quinquennat Hollande : rien contre le contrôle au faciès, droit de vote des étrangers passe à la trappe… Quelles mesures pour améliorer la vie des gens dans les banlieues ?
D’abord, je ne sais pas si le contrôle au faciès existe, mais quand il arrive quelque chose comme ça, il faut porter plainte. Le droit de vote des étrangers non communautaires a été promis depuis longtemps donc j’espère qu’il aboutira. Mais je rappelle qu’il y a un moyen très simple d’avoir le droit de vote : c’est d’être français. Personne n’est interdit du droit de voter. Il suffit juste de demander la naturalisation, ce qui est plutôt facile, les examens ne sont pas si difficiles que ça.
Le problème c’est surtout de créer les conditions pour améliorer le logement, notamment avec l’excellente structure L’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine). C’est une structure publique qui fait un travail formidable pour l’urbanisme et l’amélioration des conditions de logement. L’autre organisation qui s’appelle l’Acsé (Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’Égalité des Chances) est moins efficace. Elle est censée animer les quartiers, donner de l’argent aux associations…