Petit à petit, les idées du Front national s’installent dans les universités. Certes, la présence du parti de Marine Le Pen reste encore discrète mais, fait nouveau, les étudiants qui votent pour lui ne cachent plus leur appartenance, même dans des établissements réputés très à gauche, comme Paris-X-Nanterre, Paris-VIII-Saint-Denis.
Un phénomène jugé «logique» par Sylvain Crépon, sociologue et chercheur à Paris-X-Nanterre, vis-à-vis d’un parti qui s’est lancé dans une stratégie de dédiabolisation. Aux élections européennes, le vote FN a recueilli 30 % de ses voix chez les moins de 35 ans.
S’il y avait jusqu’à présent, comme le rappelle le politologue Dominique Reynié, une sur-représentation du FN chez les jeunes non diplômés, on constate aujourd’hui une présence croissante parmi les jeunes diplômés qui ont le sentiment d’être déclassés.
«Dans un pays fermé à l’ouverture aux nouvelles générations et aux entrants dans le système, les idées du FN peuvent trouver leur place à l’université », dit-il.
Pour diffuser leurs idées, les étudiants qui s’affichent FN surfent sur la dépolitisation de leurs condisciples et l’entreprise de lissage de Marine Le Pen.«Il ne s’agit pas forcément de revendiquer notre appartenance FN mais de ne pas la cacher lorsqu’on discute entre étudiants», explique Jordan Bardella, 18 ans, étudiant en première année de licence de géographie à Paris-IV-Sorbonne. […]