Fdesouche

Une étude réalisée par la Fédération des industries du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia alerte sur la délocalisation des films publicitaires. Certaines publicités sont produites hors de France par intérêt économique.

Les films publicitaires français sont majoritairement tournés à l’étranger. Alors que certaines publicités ne nécessiteraient pas d’être tournées hors du territoire il semblerait que les publicitaires préfèreraient réaliser leurs pubs au-delà de nos frontières, d’après une étude réalisée par la Fédération des industries du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia (Ficam).

60% des films publicitaires sont délocalisés

C’est à l’occasion du Festival international de la publicité à Cannes que la Ficam s’est penchée sur la localisation des productions des films publicitaires commandés en 2013 par des sociétés publiques, parapubliques françaises ou ayant reçu un soutien de l’État.

Le résultat est étonnant : près de la moitié des tournages de publicités ont été réalisés hors de France.

Sur 750 films publicitaires produits chaque année pour les entreprises du secteur public et privé, le taux de délocalisation dépasse les 60% indique la Ficam.

Sur les 75 films publicitaires produits l’année dernière par ces entreprises françaises publiques ou parapubliques, 37 ont été tournés à l’étranger, dont 12 pour des impératifs de décors extérieurs et 25 pour de simples raisons économiques, toujours selon une étude réalisée par la Ficam.

La raison ? Des coûts plus bas : une main-d’œuvre moins chère qu’en France et des relations entre annonceurs et agences de publicité favorables aux négociations. En outre, les délocalisations vers la République tchèque, la Roumanie, l’Espagne ou l’Afrique du Sud permettent notamment de profiter d’une “réglementation beaucoup plus souple qui optimise le temps de travail journalier, réduisant le nombre de journées des tournages de productions”, analyse la Ficam.

Une perte considérable pour l’économie française

Sur les sept productions étudiées en détail par la Ficam, la délocalisation représente une perte de 2 millions d’euros pour le secteur et de 4.000 journées de travail pour les techniciens et figurants français. Pour les 25 films délocalisés sans réels fondements, la perte devrait atteindre 7 millions d’euros et 14.000 journées de travail, d’après ses calculs. Thierry de Segonzac, président de la Ficam, précise que cela représenterait l’équivalent d’un an de fonctionnement d’une PME de 60 personnes :

“Si l’opportunisme du secteur privé vers la recherche de plus faibles coûts est un fait parfois critiqué, comment expliquer que des entreprises soutenues par l’État ou dont celui-ci est actionnaire ne soient pas guidées vers un comportement responsable et citoyen ?”

D’autant que, selon Thierry de Segonzac, “l’économie que réalisent ainsi les grands annonceurs avec la production de leurs films ne représente finalement que 1.4% du budget global investi dans leurs campagnes TV annuelles”.

Cette étude vient alimenter le débat actuel qui tourne autour des intermittents “Au moment même où le régime des techniciens et comédiens intermittents est malmené et que l’ensemble de la filière technique nationale est fragilisée, les conséquences des délocalisations injustifiées méritent d’être soulignées”, ajoute la Ficam.

Un bureau de poste sur mesure en Belgique

La Ficam cite notamment un spot pour Renault tourné à Madrid, un pour la Citroën C4 Picasso à Prague, un autre pour la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) en Afrique du Sud, un film pour la Caisse d’Epargne en Thaïlande, un pour la Société générale en Belgique.

Pour y remédier la Ficam propose « la création d’un comité d’éthique consultatif qui pourrait délivrer un avis de bonne conduite après étude des délocalisations. » Cela viserait un impact positif sur l’emploi dans le secteur en France.

La Tribune

(Merci à Tom)

Fdesouche sur les réseaux sociaux