Diplômée de sociologie, notre riveraine Alix van Buuren (un pseudo) estime que la manière dont de nombreuses féministes françaises luttent contre le « harcèlement de rue » fait « le jeu d’un mépris de classe fantastique d’une part et d’un racisme certain de l’autre »
(…) C’est curieux : certains de mes amis sont choqués quand je leur raconte m’être fait aborder par un groupe d’hommes à base de « t’es charmante, tu veux pas aller boire un verre », « t’es bonne », « tu suces ? » ; beaucoup moins quand un homme riche, éduqué, bien habillé me signale en guise de bonjour qu’il me trouve charmante, et en guise d’au revoir que « cela a été un plaisir de me contempler ». Le fond reste pourtant le même, seuls changent l’apparence physique (tenue vestimentaire) et le lexique des hommes.
Le sexisme est ambiant. Nous vivons dans une société patriarcale où les postes les plus élevés sont encore détenus par des hommes, où les femmes (et les autres minorités avec elles) sont l’altérité perpétuelle.
Se concentrer sur les classes populaires, en se focalisant sur les expressions les plus choquantes et vulgaires du harcèlement, prétendre, par un jeu d’expressions et de mimiques subtiles que le harcèlement de rue, dont la dénonciation est aujourd’hui décidément à la mode, ne pourrait être assimilé qu’aux classes populaires, c’est faire le jeu de ces hommes qui tiennent les ficelles de notre société par des moyens bien plus puissants que les autres.
La chronique de Noémie de Lattre, qui nous a servi de point d’entrée, n’est qu’un exemple gênant parmi une multitude d’autres dans les sphères féministes françaises, focalisées sur les privilèges et les modes de vie d’une élite oublieuse de la diversité et de ses propres tares. Ces mécanismes font le jeu du mépris de classe et du racisme. Et ceci n’est pas acceptable