Plus nombreux mais moins réguliers, plus satisfaits mais plus exigeants, tels sont les bénévoles de 2014, qui ont par ailleurs de fortes attentes en termes d’épanouissement personnel mais aussi de gouvernance des associations…
L’engagement associatif a été déclaré « grande cause nationale 2014 », mais aux yeux de la plupart des bénévoles français, qui aimeraient plus de mesures concrètes, cette réponse est insuffisante au regard de leurs attentes. Jugeant sévèrement le manque de cohésion sociale en France, ils misent plus que les autres sur la solidarité et les associations pour faire face à la crise, mais ne sont que 13% à estimer que le secteur associatif est bien considéré par les instances nationales (gouvernement et parlement). 41% jugent qu’il est à peu près considéré et 40% regrettent qu’il ne soit pas considéré.
C’est l’un des enseignements de la 11èmeédition de “La France bénévole”. Cette étude, réalisée avec le soutien de l’association Pro Bono Lab, a recueilli l’opinion de 3.500 bénévoles, via des réseaux, des sites Internet et des organismes nationaux ou locaux. Espace Bénévolat, qui aide associations et bénévoles à se rencontrer et à mieux remplir leurs missions, et France Bénévolat, (6000 associations partenaires, 80 centres départementaux, 250 points d’accueil), qui les accompagne dans la recherche et la gestion de leurs bénévoles, se sont également investies dans cette initiative.
Des bénévoles plus actifs en-dehors du cadre administratif
Cette édition montre l’émergence d’un nouveau modèle de l’action bénévole, né sous l’impact de la crise économique.
Les bénévoles, au nombre de 12,5 millions en 2013 contre 11,5 millions en 2010 et qui se recrutent essentiellement dans les tranches d’âge 25-49 ans et 70 ans et plus, multiplient les actions hors du cadre associatif, mais près de chez eux, en réponse à des besoins clairement identifiés où l’utilité de leur action ne fait aucun doute.
Par ailleurs, ceux qui interviennent de façon régulière, sur un mode hebdomadaire, ne sont plus que 5,5 millions, contre 6,3 millions en 2010. En effet, ils sont de plus en plus nombreux à agir ponctuellement, en fonction de leurs disponibilités, y compris à distance grâce aux nouvelles technologies.
Des attentes en matière d’innovation sociale
Si les causes d’engagement n’ont guère changé, il en va autrement des motivations.
L’utilité sociale reste prépondérante, mais l’épanouissement personnel et l’innovation sociale au travers d’actions concrètes sont plus importants qu’auparavant. Le sentiment d’être utile dans un contexte de plus en plus difficile (67%), l’intérêt porté au projet associatif (55%) et aux missions confiées (51%), ainsi que la convivialité (47%) sont les principales sources de satisfaction affichées.
68% des bénévoles, et plus encore parmi ceux qui exercent des responsabilités au sein d’une association, affirment que leur action leur donne plus de satisfactions qu’il y a deux ou trois ans en arrière. Pour les 28% de bénévoles « moins satisfaits qu’avant », la raréfaction des bénévoles autour d’eux en est une cause majeure.
La nécessité d’une nouvelle gouvernance associative
Dernier enseignement de cette enquête : la nécessité de faire évoluer la gouvernance associative, dont les fonctionnements jugés chronophages, routiniers et souvent caractérisés par l’entre soi, suscitent une certaine méfiance. Ainsi, pour 72% des répondants, les bénévoles sont plus réticents à prendre des responsabilités dans la conduite de l’association.
Pour y remédier, ils préconisent une plus grande présence des jeunes de moins de vingt-cinq ans et des femmes dans ces fonctions, une ouverture à l’innovation et au changement, et une meilleure reconnaissance de leurs actions, dont les contributions et les résultats doivent être mieux valorisés. 73% des répondants observent que les bénévoles attendent plus de satisfactions personnelles, 72% à qu’ils exigent de plus en plus de transparence financière, et 56% qu’ils souhaitent bien comprendre le fonctionnement de leur association et être associés à sa gestion.