Des anecdotes sur les complications de sa vie quotidienne depuis qu’elle porte un voile intégral, Karima T. en a pléthore. A 35 ans, cette Tunisienne, qui a requis l’anonymat, nourrissait peu d’espoir sur une condamnation par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de la loi d’avril 2011 interdisant de « dissimuler son visage » dans l’espace public. « Je suis déçue mais pas surprise, réagit-elle. Ça ne change rien. Je reste comme je suis. »
Cette habitante de Romainville (Seine-Saint-Denis) porte depuis cinq ans un niqab qui ne laisse apparaître que ses yeux. « Par choix », insiste-t-elle à plusieurs reprises. Tout le reste de son corps, mains comprises, est dissimulé par un long voile qu’elle coud elle-même.
Karima T. aspire moins à un retrait de la loi qu’à la tranquillité : « Je veux que les gens dans la rue arrêtent de se prendre pour des policiers en me disant : “C’est interdit, madame” », raconte-elle. Cette mère de quatre enfants âgés de 10, 8, 6 ans et 9 mois affirme avoir perçu une nette différence dans le regard des autres par rapport à la période où elle portait un simple voile. « A cause de la loi et des médias, on passe pour des arriérées ou des barbares. Moi, j’essaie de vivre normalement. »
Si elle reconnaît être en infraction, elle estime respecter la loi, à sa manière…