Bernard-Henri Lévy passionne autant qu’il agace. Pour un hors-série de Complément d’enquête, Benoît Duquesne brosse un portrait sans concession de l’homme à la chemise blanche. Entretien avec le philosophe, intellectuel et militant. […]
Le reportage vous présente presque comme un ministre des Affaires étrangères. En tirez-vous une fierté ?
Bien sûr que non. Nous avons un bon ministre des Affaires étrangères qui s’appelle Laurent Fabius. Moi je suis autre chose. Je suis un intellectuel libre et engagé. Ou engagé parce que libre. […]
Un mot sur la montée du Front national en France ?
Eh bien justement. Voilà une des choses qui m’inspire cette honte dont je vous parle. C’est un des thèmes d’Hôtel Europe, la pièce que j’ai écrite et qui sera jouée, à la rentrée, au Théâtre de l’Atelier, par Jacques Weber.
Qu’un parti post-fasciste et raciste qui est encore plein de néonazis et d’antisémites arrive à 25 % de voix, c’est un échec pour la France, c’est une honte pour nous tous.
Comment trouvez-vous Marine Le Pen ?
Extraordinairement dangereuse. Le logiciel n’a pas changé depuis son père. C’est le même message, avec des styles différents. Et elle est d’autant plus dangereuse qu’il y a beaucoup de gogos qui tombent dans le piège d’un Front national soi-disant policé et civilisé. Marine Le Pen, à mes yeux, est un danger pour la République, pour la démocratie, pour la France.
Pour la France ?
Oui. Cette femme n’aime pas la France. Elle prend toujours et systématiquement le parti de ses ennemis. C’est le cas en Syrie où elle prend le parti de Vladimir Poutine et de Bachar al-Assad. C’était le cas en Libye où elle défendait Kadhafi. Il y a, chez elle, une étrange propension à la trahison. Mais est-ce si étrange que cela, après tout ? N’est-ce pas dans la manière et dans la culture de l’extrême droite traditionnelle ? […]