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Avec 87,9 % d’admis, le taux de réussite de cette année pulvérise tous les records. C’est 3,7 points de mieux que l’an dernier, qui était pourtant déjà une année faste. Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ? Faut-il vraiment se réjouir de cette progression spectaculaire du taux de réussite se demande Jean-Claude Lewandowski sur son blog Focus Campus ?

« Certains de mes élèves ne sont pratiquement jamais venus en cours ; leurs rares résultats, notamment au bac blanc, étaient catastrophiques… La plupart ont pourtant obtenu leur Bac !», remarque par exemple un enseignant sur le site du «Monde»… Il est loin d’être le seul.

Que vaut, en effet, un diplôme que décrochent l’immense majorité des candidats ? Que vaut-il aux yeux d’un responsable universitaire, d’un directeur de grande école, d’un employeur ? Que vaut-il aux yeux des jeunes bacheliers eux-mêmes ? Ont-ils le sentiment d’avoir réussi un examen difficile, ou plutôt d’avoir négocié sans encombre une épreuve qui s’apparente désormais à une simple formalité – même si elle peut encore réserver quelques petites surprises ? […]

En réalité, chacun en est conscient : cette envolée du taux de réussite au bac – qui est même plus largement accordé que le brevet, c’est dire – ne fait que refléter un affaissement progressif du niveau d’exigence et une multitude de petits abandons. Les savoirs de base, que le baccalauréat est censé contrôler, sont de moins en moins maîtrisés. […]

Le résultat de cette dérive ? Il est déjà à l’oeuvre. Le bac n’a plus grande signification, et cela ne date pas d’aujourd’hui. Il ne permet plus d’entrer dans l’enseignement supérieur avec des chances raisonnables d’y réussir. Déjà, un nombre significatif d’institutions du supérieur exigent de leurs candidats une mention «bien», voire «très bien». […]

Et surtout, la dévalorisation du bac justifie « par avance » l’instauration de la sélection à l’entrée de l’université. Celle-ci, à vrai dire, est déjà à l’oeuvre de manière insidieuse : c’est la sélection par l’échec, en licence – et particulièrement en première année. Autrement dit, la pire des solutions, parce qu’elle ne fait que retarder l’heure de vérité, et parce qu’elle constitue un énorme gaspillage d’énergie – et aussi de deniers publics.

Mais déjà, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer l’instauration d’une “vraie” sélection à l’entrée de l’université. Le taux de réussite de cette année apporte de l’eau, beaucoup d’eau à leur moulin.

focuscampus.blog.lemonde.fr

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