Pour Thomas Guénolé, politologue (Sciences-Po), l’inquiétude sur les djihadistes partant en Syrie et sur influence de «l’islam radical» dans les banlieues est totalement infondée.
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La division SS Charlemagne fut créée en juillet 1944. Elle rassemblait quelque sept mille Français, très jeunes, partis se battre aux côtés de l’occupant nazi sur le Front de l’Est. Evidemment, ils étaient bien trop peu nombreux pour que l’on puisse en déduire des ‘‘tendances SS’’ chez la jeunesse française ou une nazification de nos campagnes. De fait, personne n’alla soutenir après-guerre un raisonnement aussi absurde. […]
Quant aux millions de musulmans de France, des gens sans histoires qui ne demandent rien à personne, il s’agirait une fois pour toutes de les laisser vivre en paix.
Soixante-dix ans plus tard, Matignon estime à quelque huit cents individus, très jeunes, les «djihadistes français» partis se battre en Syrie et en Irak aux côtés de groupes armés qui se revendiquent d’un islam dégénéré, obscurantiste et barbare.
Evidemment, ils sont bien trop peu nombreux pour que l’on puisse en déduire quoi que ce soit sur la jeunesse française en général, ou celle de nos banlieues en particulier.
Dès lors, pourquoi tant de commentateurs, d’analystes et d’éditorialistes s’obstinent-ils à fantasmer sur «l’islam-des-banlieues» endoctrinant nos «jeunes-de-banlieue», modernes croque-mitaines auxquels leur imaginaire semble coller d’office un cocktail Molotov dans une main et un AK-47 dans l’autre ?
Sur quels constats précis, documentés, se basent-ils pour faire un lien de cause à effet entre l’islam de France et le djihadisme ? Sur quels faits concrets se fondent-ils pour dépeindre ou sous-entendre le portrait de banlieues tenant plus de Gaza que de La Courneuve ? Où peut-on rencontrer ces terribles hordes de prêcheurs de banlieue d’un islam djihadiste, et ces foules de ‘‘jeunes-de-banlieue’’ qui les écouteraient pieusement ?