Je suis la voix des salafistes.” Samuel Laurent le dit dans un éclat de rire embarrassé. Mais au fond, il n’est pas loin de la réalité. L’homme connaît son sujet sur le bout des doigts. Ni chercheur ni journaliste, il sillonne depuis des années les régions contrôlées par al-Qaida. […] Aujourd’hui, ses contacts lui ont permis de gagner la galaxie djihadiste en Syrie et en Somalie pour mieux remonter la piste d’un réseau implanté en France, prêt à commettre, selon lui, plusieurs attentats de grande ampleur. Il le raconte dans Al-Qaida en France, révélations sur ces réseaux prêts à frapper. […]
Comment échappent-ils aux services de renseignements ?
Ils pratiquent la Taqiya, l’art de la dissimulation. Ils mènent une vie discrète, “normale”. Les célibataires doivent se marier, à une femme arabe, qui travaille, mais qui ne portera jamais le voile. Lui ne porte ni la barbe ni la djellaba. Leurs enfants doivent fréquenter de bonnes écoles. L’agent est encouragé à éviter les contacts au sein de sa propre communauté, à dénigrer, si besoin, publiquement l’islam radical. Piégé, arrêté, torturé, il ne livrera que quelques éléments fragmentaires, sans pouvoir compromettre les cadres d’al-Qaida qui règnent sur l’organisation française, ni même les autres kamikazes dont il ignore jusqu’à l’existence. […]
Au cours de votre enquête, vous n’avez rencontré ni opérateurs ni lieutenants, mais avez exigé de voir les armes dont ils disposaient sur notre territoire, qu’avez-vous découvert ?
Des armes redoutables. J’ai vu un lanceur Kornet H133 équipé de son missile qui peut atteindre une cible à plus de cinq kilomètres, des SA-24, ces missiles air-sol, les plus sophistiqués au monde, des fusils de sniper, des explosifs, des munitions, des kalachnikovs et deux mortiers ! Du matériel de guerre utilisé en Irak. Al-Qaida possède une structure quasiment parfaite dans notre pays avec des armes et des agents qui exploitent les failles de notre système et contournent ses forces pour s’y infiltrer sans éveiller les soupçons. Et l’aveuglement de nos services de sécurité leur a permis de se nicher au plus profond de la société. […]
Nous sommes en guerre sans le savoir.
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Merci à Colargol