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Les scientifiques s’inquiètent de la disparition accélérée de nombreuses espèces. Un phénomène qui semble indiquer qu’une nouvelle extinction massive a débuté.

Par Marie-Violette Bernard

Après les dinosaures, serions-nous la prochaine espèce condamnée à disparaître ? Une série d’articles publiés dans la revue Science (en anglais) tire en tout cas la sonnette d’alarme :

face au nombre croissant d’espèces disparues ou en voie de disparition, de nombreux biologistes craignent qu’une sixième extinction massive n’ait débuté.

Mais cette fois, le phénomène n’a pas été causé par une catastrophe naturelle de grande ampleur, c’est la faute des humains.
De plus en plus d’espèces menacées
La Terre a déjà connu cinq extinctions massives au cours des derniers 450 millions d’années. A chaque fois, entre 70 et 90% des espèces vivantes se sont éteintes. La plus récente était celle du crétacé-tertiaire, qui a vu disparaître les dinosaures à cause d’une chute de météorites, il y a 65 millions d’années.
Selon les chercheurs de l’Université de Stanford, qui ont réalisé une étude publiée le 25 juillet dans Science, la Terre se trouve une nouvelle fois au début de ce processus. Les populations de toutes les espèces ont diminué de 25% en moyenne durant les 500 dernières années, rapporte ainsi Time (en anglais). Mais certains spécimens sont plus affectés que d’autres : 35% des lépidoptères (la famille des papillons) sont menacés d’extinction, tout comme 45% des amphibiens et la presque totalité des criquets, sauterelles et autres orthoptères.
Un tiers des vertébrés est à présent considéré comme en danger, rapporte Re/Code (en anglais), qui ajoute que 320 espèces de vertébrés terrestres ont disparu depuis le XVIe siècle. Un phénomène qui pourrait s’accélérer. Un rapport (pdf en anglais) du Groupe d’experts intergouvernemental sur le réchauffement climatique, paru en 2007, affirme que l’augmentation de la température de 3,5°C d’ici 2100 pourrait causer la disparition de 40 à 70% de la faune.

L’Homme aurait causé cette nouvelle extinction

Et le responsable, cette fois, n’est autre que l’Homme. Selon Science, notre impact sur la biodiversité est absolument dévastateur. A commencer par la surpêche, la chasse et le braconnage, qui font diminuer la population de nombreuses espèces.
D’autres encore sont menacées par la destruction de leur écosystème. La déforestation a réduit l’habitat naturel de nombreux animaux, en particulier dans les forêts tropicales d’Asie et d’Amazonie. Une carte de Science (en anglais), reprenant les données de l’Union internationale pour la conservation de la nature, situe les zones du globe comptant le plus d’espèces en voie de disparition.
Le réchauffement planétaire, en rendant plus arides ou plus propices aux tempêtes certaines régions du monde, pousse en outre les animaux à quitter leur habitat naturel. Problème : la construction et la déforestation constituent des “barrières” à la migration de ces animaux, selon Elizabeth Kolbert, auteure de La Sixième Extinction interviewée par National Geographic (en anglais).
La journaliste, qui a passé de longs mois à enquêter sur le sujet, précise que l’introduction par l’Homme d’espèces invasives bouleverse également certains écosystèmes. Le frelon asiatique et le silure, qui dévore les poissons des rivières françaises, sont ainsi vite devenus de véritables nuisibles.

L’homo sapiens, bientôt une espèce menacée ?

Une sixième extinction de masse, qui fragilise des écosystèmes entiers, pourrait avoir des conséquences plus lourdes que l’extinction d’espèces emblématiques. La disparition de certains insectes, comme les abeilles, met par exemple en danger l’agriculture. Time rappelle ainsi que 75% des productions agricoles reposent sur la pollinisation des champs par les insectes.
A long terme, l’homme pourrait donc lui aussi être menacé d’extinction. Une fatalité pour Elizabeth Kolbert, qui a estimé dans une interview pour Mother Jones (en anglais) que “l’Homme finira par s’éteindre”. “L’étude des fossiles nous montre que tout finit par s’éteindre un jour“, insiste la journaliste.
L’homo sapiens a peut-être encore quelques (millions) d’années devant lui toutefois, à condition de ralentir le processus. “Nous pouvons soit changer notre façon de fonctionner, soit continuer de la sorte – du moins jusqu’à ce que ‘l’extinction anthropocène’ ne fasse disparaître une dernière espèce: la nôtre”, souligne ainsi Time.

Zoos et conservatoires luttent contre l’extinction de masse

Mais comment enrayer cette sixième extinction ? En plus des interdictions de chasse de certains animaux menacés, des réserves naturelles ont été créées afin de protéger leur habitat naturel. La population des rhinocéros blancs est ainsi passée de 100 à 20 000 représentants en un siècle grâce à cette initiative, selon l’ONG WWF (en anglais).
L’Institut de conservation biologique Smithsonian a en outre entrepris de favoriser la diversité génétique des espèces menacées se reproduisant en captivité, rapporte le Washington Post (en anglais). Plusieurs zoos américains ont commencé à référencer l’origine de leurs pensionnaires, leurs accouplements et leurs déplacements d’un zoo à un autre. Le but de ce “livre des saillies” ? Eviter la consanguinité et planifier les naissances, dans le but d’en augmenter le nombre.
Le conservatoire du Smithsonian cryogénise par ailleurs les spermatozoïdes d’espèces rares, dans le but de les utiliser lors d’inséminations artificielles. Le zoo de Buffalo a ainsi accueilli en juin un bébé rhinocéros d’Asie, né plus de 9 ans après la mort de son géniteur, selon le Washington Post. Au total, l’institut conserve plus de 9000 prélèvements biologiques dans son centre de Virginie. Comme plusieurs autres zoos cités par Express (en anglais), les chercheurs du Smithsonian espèrent à long terme réintroduire certains spécimens dans la nature, afin d’éviter leur disparition.
francetvinfo.fr

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