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Le 16 mars 2011, le quotidien avait publié un texte d’intellectuels appelant à un engagement urgent des Occidentaux en Libye. Parmi les signataires : Bernard-Henri Lévy, Pascal Bruckner, Nicole Bacharan, Dominique Simonnet ou encore Frédéric Encel. Regrettent-ils d’avoir signé ? Avec le recul, doutent-ils finalement du bien-fondé de l’opération militaire ? Voici leurs réponses.
Bernard-Henri Lévy :
Que se serait-il passé si l’Occident n’était pas intervenu ? La guerre se serait sans doute installée. La Libye serait peut-être devenue une sorte de Syrie. Kadhafi serait, aujourd’hui, un autre Bachar al-Assad. Et le nombre des morts libyens se chiffrerait en dizaine de milliers, pour ne pas dire davantage.

J’ajoute qu’il y a là une vraie question de principe. Un événement ne se juge pas à ses conséquences. Ni ces conséquences à leurs possibles et propres conséquences.

On ne juge pas le présent en fonction de son éventuel futur dont, par définition, nous ne savons rien. Ou bien soit : mais alors, personne ne bouge, et cette éventualité d’un présent réinterprété par avenir lourd de péripéties, de drames, de tragédies imprévisibles paralyse toute espèce d’action et d’initiative.
Bref, je n’ai, pour ma part, aucunement changé d’avis. Il fallait sauver Benghazi. Il fallait lever le siège de Misrata bombardée. Il fallait montrer que l’Occident n’était pas l’allié, par principe, des tyrans contre les peuples. […] Dominique Simonnet, écrivain, à l’initiative du texte :
S’il n’y avait pas eu d’intervention, la Libye ne serait-elle pas déjà dans le chaos ? On ne peut pas se permettre de prôner l’indifférence et la non-intervention au nom d’un futur hypothétique. […] Nicole Bacharan, historienne et politologue :
J’ai signé cet appel, je n’ai pas de regret de l’avoir fait. Nous ne sommes ni des militaires, ni des politiques, nous n’avons pas pris la décision. Nous avons donné notre point de vue qui a été une petite contribution dans une prise de décision. Je pense que même les politiques ne savent pas plus que nous ce qu’il faut faire avec le monde musulman qui est en train d’exploser. J’ai l’impression qu’on est dans des situations où il n’y a que des mauvaises options. […] Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po Paris:
En ce qui concerne les conséquences géopolitiques, je pense qu’il faut assumer ses choix et éventuellement être prêt à sacrifier des moyens et peut-être des hommes pour contribuer à colmater les brèches qui auront été ouvertes du fait de notre action. […] Pascal Bruckner, écrivain :
L’intervention a été très bien menée et a été exemplaire. Il n’y a pas eu d’intervention terrestre, on a permis aux Libyen de se débarrasser de leur dictateur. Qu’ils s’entretuent aujourd’hui, c’est malheureux mais ce n’est plus de notre ressort.
Nouvel Obs

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