Le 26 mai 1860, sur les flancs du mont Liban, au Proche-Orient, se produit un affrontement sanglant entre chrétiens maronites et Druzes. Il survient dans une zone où ces deux communautés religieuses vivaient depuis plusieurs siècles côte à côte et en bonne intelligence. C’est le début d’une escalade de la violence qui va conduire aux désordres actuels.
Au milieu du XIXe siècle, le gouvernement ottoman avait enlevé aux seigneurs locaux l’administration du mont Liban pour couper court à leurs velléités d’indépendance. Pour mieux assurer sa tranquillité, la Sublime Porte joue de la rivalité entre maronites [chrétiens] et Druzes [musulmans], habitants du mont Liban. Mais ce jeu s’avère dangereux car il coïncide avec la montée du communautarisme dans l’ensemble de l’empire ottoman. […]
En 1858, des paysans druzes du mont Liban commencent à se révolter contre les abus du gouverneur maronite. En s’étendant, la jacquerie se transforme en affrontement entre les deux communautés religieuses. On compte plusieurs milliers de victimes dans la montagne à quoi s’ajoutent des tueries de chrétiens dans la métropole syrienne, Damas (5.000 victimes dans la seule journée du 9 juillet 1860). […]
On s’émeut jusqu’en France. Napoléon III reprend à son compte la vocation de la France à protéger les chrétiens du sultan, instaurée par François 1er et Soliman le Magnifique. Il envoie sans attendre 7.000 soldats à Beyrouth pour restaurer la paix entre les communautés. Les soldats stationneront dans la région pendant un an, inaugurant une tradition de présence française qui perdure aujourd’hui.
L’expédition peut être assimilée à la première manifestation du droit d’ingérence à but humanitaire. En termes politiques, l’expédition participa à l’émancipation des populations du Liban vis-à-vis de l’autorité ottomane. En effet, le 9 juin 1861, un gouvernement uni et autonome était instauré sur le Mont Liban. Son autorité s’étendait sur une large bande de terre entre Damas et Beyrouth, unissant le tracé de l’ancien caïmacanat chrétien à une partie du caïmacanat druze. Le gouverneur devait être un chrétien non-libanais nommé par un firman du Sultan et secondé par un conseil dans lequel toutes les communautés religieuses seraient représentées. Le premier gouverneur, Daoud Pacha, un Arménien catholique d’Istanbul, est nommé le 9 juin par le Sultan avec l’accord des puissances européennes.
Hérodote / Wikipédia