Trois mois de prison ferme, cinq ans d’interdiction de territoire français pour un ressortissant palestinien après avoir servi de passeur et de chauffeur pour dix-huit clandestins à La Turbie.
Les routes de la clandestinité peuvent mener à la case prison.
Soud Mohamed Ali Abujheisha vient d’en faire l’amère expérience. Ce ressortissant palestinien de 31 ans a écopé de trois mois de prison ferme, avec mandat de dépôt et interdiction de territoire français durant cinq ans. Son méfait : avoir servi de passeur et chauffeur à pas moins de… dix-huit clandestins.
Depuis le printemps dernier, ce sont majoritairement des migrants en provenance de la Corne de l’Afrique – d’Érythrée en particulier – qui donnent du fil à retordre aux forces de l’ordre, à la frontière franco-italienne. Mais pas cette fois-ci. Parmi les dix-huit passagers entassés à bord de ce Renault Trafic, intercepté jeudi dernier à La Turbie, onze étaient palestiniens, sept syriens. Femmes et enfants comptaient parmi les voyageurs. Tous ont été réadmis en Italie. Le chauffeur, lui, a été placé en garde à vue à la brigade mobile de recherches de la police aux frontières.
« Vague géante »
Soud Mohamed Ali Abujheisha était descendu avec son véhicule de Suède, où il réside en règle, pour venir jouer les passeurs. « Par solidarité communautaire », à ses dires. Aucune preuve de rétribution n’a pu être établie. Vendredi, le tribunal correctionnel l’a néanmoins reconnu coupable d’« aide à l’entrée et à la circulation irrégulière d’étrangers ».
Cette affaire récompense les efforts déployés par les forces de l’ordre pour endiguer un afflux de clandestins comme la frontière franco-italienne n’en avait plus connu depuis la Révolution de Jasmin en 2011.
« Une vague géante », dixit un bon connaisseur du phénomène. Plus d’une centaine de migrants serait recensée au quotidien à la frontière. Un millier par semaine.
Si les Érythréens voient en la France une simple étape vers d’autres horizons (Allemagne, Suède…), la police aux frontières a déployé un dispositif conséquent pour juguler le phénomène. (…)