La peur d’Ebola a transformé Ballajah, au Liberia, en village fantôme, au silence entrecoupé de gémissements, ceux de Fatu Sherrif, 12 ans, cloîtrée une semaine entière avec le corps de sa mère, “sans nourriture ni eau“, avant de mourir à son tour.
La fièvre hémorragique a détruit sa famille, raconte Momoh Wile, le chef de la localité, près de la frontière avec la Sierra Leone. Le 20 juillet, le virus mortel a été détecté dans sa famille, suscitant la panique parmi les quelque 500 habitants qui ont pris leurs distances et alerté les autorités sanitaires. Celles-ci tardant à venir, les villageois ont protesté en érigeant des barricades sur la route menant à la Sierra Leone. Quand l’équipe dépêchée par le ministère de la Santé est enfin arrivée, le père avait rendu l’âme depuis cinq jours, la mère et la fille étaient malades.
Les agents sanitaires “ont scellé les portes et fenêtres de la maison sur la femme et sa fille” (encore vivantes). Seidia et Fatu “pleuraient jour et nuit, sans cesse, suppliant la population de leur apporter à manger mais tout le monde avait peur” d’approcher de la maison où elles sont restées “sans nourriture ni eau“, ajoute-t-il.
La présidente du pays, Ellen Johnson Sirleaf a décrété le 6 août l’état d’urgence face à Ebola qui, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé, arrêté au 9 août, avait fait 1.013 morts en Afrique de l’Ouest, dont 323 au Liberia.