Addendum du 16/08/2014:
L’Organisation mondiale de la santé indique sur son site internet avoir des preuves que l’épidémie d’Ébola sévissant actuellement en Afrique de l’Ouest est largement sous-estimée, tandis que Médecins sans frontières (MSF) affirme que l’épidémie «se répand plus vite que [sa] capacité à y faire face», alors que de lourdes conséquences économiques apparaissent.
Joanne Liu, directrice de MSF a averti qu’il faudrait six mois pour en venir à bout. «Il faut élaborer une nouvelle stratégie, l’Ebola n’est plus confinée seulement dans quelques villages, elle se propage dans une ville d’1,3 million d’habitants, Monrovia.» «Nous avons une totale défaillance des infrastructures». L’ONG a déployé 692 personnes au total, dont 72 expatriés.
«Les équipes présentent (sur place) voient des preuves» que le nombre de cas et de décès officiellement recensés est en deçà de la réalité, écrit ainsi l’organisation, selon qui une partie du problème réside dans le fait que l’épidémie sévit dans des régions «caractérisées par leur extrême pauvreté, des systèmes de santé défaillants, un manque criant de médecins et une peur rampante». Les pays touchés ont admis ne pas parvenir à contrôler la situation.
État d’urgence décrété dans quatre pays
La majorité des cas ont été enregistrés en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. «Ceux qui sont malades seront immédiatement isolés. Les gens seront suivis. Nous ne pouvons pas prendre le risque de laisser entrer quelqu’un sans vérifications», a affirmé Aboubacar Sidiki Diakité, Inspecteur général de la santé et président de la cellule de crise guinéenne.
Les États-Unis ont demandé aux familles des membres de son ambassade à Freetown de quitter la Sierra Leone, arguant que les soins médicaux «de routine» ne pouvaient plus être assurés, la majorité du personnel médical se consacrant à Ébola.
«Augmentation massive de la réponse internationale»
Le Programme mondial pour l’alimentation distribue des denrées à plus de un million de personnes bloquées dans les zones mises en quarantaine, aux croisement des frontières de la Guinée, du Liberia et de Sierra Leone: des cultures pourrissent sur pied à mesure que des fermiers décèdent, les camionneurs ne veulent plus livrer certaines zones tandis que plusieurs lignes aériennes sont interrompues, et les boutiques ferment les unes après les autres.
Les conséquences économiques de l’épidémie commencent à se faire sentir. Selon une étude publiée par l’agence de notation américaine Moody’s, «l’épidémie risque d’avoir un impact financier direct sur les budgets des gouvernements via une augmentation des dépenses de santé». Certaines compagnies ont décidé d’arrêter ou ralentir leur production en raison des risques, et l’agence évoque également le cas du Nigeria, premier producteur pétrolier du continent, qui pourrait souffrir si les compagnies pétrolières évacuent leur personnel expatrié.
Si la situation s’aggrave, «les conséquences pour l’industrie pétrolière et gazière de l’Afrique de l’Ouest seront considérables. L’apparition de l’épidémie va dégrader la main d’œuvre locale et probablement inciter les compagnies pétrolières à évacuer leur personnel expatrié, ce qui aurait pour conséquence de fortement limiter la production d’hydrocarbures», prévient l’agence de notation. Les institutions financières internationales (FMI et Banque mondiale) tablent sur une baisse de croissance d’au moins un point dans les pays concernés.