Télémarketeurs, analystes, secrétaires, dockers, employés de banque, réceptionnistes, arbitres sportifs, chauffeurs, caissiers, comptables, ouvriers assembleurs… Tous ces métiers et bien d’autres ont une très forte probabilité, supérieure à 95% selon l’étude d’Oxford réalisée par Carl Benedikt Frey et Michael A. Osborne, d’être remplaçables par des machines. Des tâches que des robots physiques, ou des logiciels et intelligences artificielles, seront en capacité d’accomplir.
Que des métiers disparaissent et que d’autres apparaissent, avec l’innovation technologique, n’est pas une nouveauté, loin de là. Preuve en est, plusieurs prix Nobel et chercheurs avaient publié un manifeste alarmiste dénonçant une « large vague de chômage technologique » causée par « la combinaison d’ordinateurs et de machines automatiques et autonomes », adressée à Lyndon Johnson, en 1964.
Mais la proportion des emplois remplaçables par des machines, à horizon 10 ou 20 ans, atteindrait 47 %, clairement du jamais vu en si peu de temps. Et on n’est pas ici uniquement dans une automatisation « fordiste » où des robots accompliraient des tâches pénibles et répétitives.
Même le très libéral Erik Brynjolfsson, chercheur au département Business du MIT (Massachusetts Institute of Technology) s’en inquiétait récemment sur CBS: «Cela va plus vite que n’importe quand dans l’histoire et il faut constater que la technologie ne crée pas de nouveaux emplois aussi vite qu’il le faudrait.»
Des millions et des millions d’emplois qui ne pourront forcément être transformés en nouveaux métiers. Un choc qui pourrait se révéler particulièrement violent pour les pays très industrialisés, comme la Chine ou l’Inde. Des entreprises de robotiques proposent des robots assembleurs, pour les usines, à des prix déjà extrêmement compétitifs, si on les compare à des travailleurs chinois.
Un robot abattant une fois et demi plus de travail qu’un ouvrier, et ne coûte que 3,40 dollars de l’heure, prix d’achat, de maintenance et d’énergie compris. Voir à ce sujet: les ouvriers chinois, trop chers, remplacés par des robots.
Des chercheurs comme Brynjolfsson posent déjà la question du rôle de l’automatisation dans les 8 % de chômage qui semblent toucher durablement les États-Unis alors que la croissance y est revenu. Des économistes libéraux, comme Robin Hanson, vont jusqu’à conseiller d’investir dans des actions d’entreprises de robotique, seul moyen selon eux de se garantir un revenu, lorsqu’il n’y aura plus d’emploi.
D’autres préconisent la création de nouvelles et taxes sur le travail automatisé et le capital pour redistribuer les richesses, couplé avec une forte baisse du temps de travail. L’idée d’un revenu universel de base peut prendre également tout son sens avec la robotisation et l’automatisation.
Ou encore, comme le lançait récemment Bernard Stiegler au cours d’une conférence à ce sujet au théâtre du Rond-Point, on pourrait généraliser le régime des intermittents du spectacle pour tout le monde, qui serait rebaptisé pour l’occasion l’intermittence de l’emploi.
Selon Carl Benedikt Frey et Michael Osborne toutefois, de nombreux métiers restent impossibles à automatiser. Aux premiers rangs desquels les artistes, les enseignants, les psychologues ou bien entendu, les programmeurs.