Les États-Unis viennent d’annoncer une croissance (annualisée) de 4% pour le deuxième trimestre, après le très mauvais résultat du premier (finalement révisé, pour la troisième fois, à-2,1%, au lieu de -2,9%). Une bonne nouvelle, mais attendons les prochaines révisions officielles de ce chiffre, tant il paraît miraculeux… Nous y reviendrons.
En Europe par contre, la tendance est bien plus claire : elle passe progressivement d’un espoir déçu de faible croissance à la stagnation, puis aux premiers signes de récession. En Italie, le “miracle” Matteo Renzi a l’air de faire long feu : le pays connaît son deuxième trimestre de récession de suite, -0,2 après -0,1%.
Réagissant à ces chiffres, le ministre de l’économie, Pier Carlo Padoan, a reconnu, dans une interview au quotidien Il Sole 24 Ore du 6 août, que le pays se trouve “dans une phase de sortie de la récession très pénible, car la récession est vraiment profonde. ‘’
La France n’est pas officiellement en récession, mais l’horizon de la croissance reste désespérément plat. François Hollande a déclaré attendre de l’Allemagne “un soutien plus ferme à la croissance“, notamment en investissant plus. Berlin renvoie Paris dans ses buts :”Les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique du gouvernement allemand“, a déclaré la porte-parole du gouvernement, Christiane Wirtz.
Élément aggravant pour Paris, par rapport à Rome, les comptes publics sont encore loin des 3% de déficit, et Bruxelles va devenir de moins en moins patiente. Mais le chiffre le plus inquiétant, et le plus révélateur, vient d’Allemagne.
Selon l’Office fédéral des statistiques, les commandes de l’industrie allemande connaissent une chute record à la mi-2014. Après une baisse de 1,6% en mai, elles ont chuté de 3,2% en juin. La demande au niveau national baisse (-1,9%), ce qui constitue un indicateur avancé d’un ralentissement de l’économie. Mais surtout, la commande extérieure flanche sérieusement (-4,1%) et, plus spécialement, les commandes de la zone euro, qui se sont effondrées pour le mois de juin (-10,4%).
Voici la preuve que les fondamentaux de la croissance (l’investissement productif des entreprises) sont au rouge dans la zone euro. Aucune véritable croissance ne pourra être obtenue, hormis quelques poussées éphémères actionnées par la consommation, elle-même financée par de la dette publique, ce que sait très bien faire la France ; mais le jeu atteint désormais ses limites.
C’est désormais la locomotive allemande, la seule véritable source de croissance en zone euro, qui est touchée.
Ce retournement des commandes à l’industrie, aussi bien en interne qu’à l’exportation, montre que le véritable ressort de la croissance est cassé. Et cela ne pourra à terme que réactiver les crises de la dette et de l’euro…
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