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Des femmes européennes membres de l’État islamique tentent d’attirer leurs «sœurs» dans la couche nuptiale des saints guerriers du califat.

L’État islamique auto-proclamé, anciennement connu sous l’acronyme ISIS, recrute activement des femmes et des filles occidentales. Ce «califat» qui occupe désormais d’importantes parties de la Syrie et de l’Irak montre, une fois de plus, dans ses procédés, qu’il est presque aussi fin avec les médias sociaux qu’il est impitoyable sur le champ de bataille.


Les tweets et les blogs sont apparemment écrits par des femmes occidentales mariées à des guerriers djihadistes. Ils visent à persuader les soi-disantes «sœurs» en Europe et aux Etats-Unis d’aller au Moyen-Orient pour aider ce dérivé d’al-Qaïda à bâtir sa vision extrémiste de la société islamique.
Il y est dit aux “Califettes” potentielles (comme on est tenté de les appeler) que leur principale contribution à la révolution islamique réside dans le mariage, pas dans le martyre; par la procréation, non par les armes. Un blogueur appelé “Oiseau de Paradis” ronronne: «Les femmes ne sont pas égales aux hommes. Cela ne sera jamais. Les hommes sont les chefs et les femmes sont [si] particulières que Dieu leur a consacré tout un chapitre du Coran “.
La propagande évite habituellement les images gores et barbares souvent incluses dans les billets mis en ligne par des djihadistes, comme les décapitations le mois dernier de dizaines de soldats de l’armée syrienne après la prise d’une base dans la province de Raqqa, au nord de la Syrie.
Au lieu de cela, le “marketing” se concentre sur ce que les analystes appellent la «sphère privée», mettant l’accent sur les joies de la vie de famille djihadiste et sur “l’honneur” qui consiste à élever de nouveaux combattants pour l’Islam. Les recruteurs en ligne soulignent le plaisir qu’il y a à servir l’Islam en offrant la vie de famille dont a besoin le guerrier menant le djihad.
“Je ne serai jamais capable de traduire justement en parole la façon dont cet endroit me fait me sentir,” tweete Umm Layth, une soi-disant femme britannique en Syrie mariée à un combattant. Elle chérie, dit-elle, les amitiés qu’elle entretient avec «ses consœurs et frères de l’État islamique.”
Il y a cependant dans tous les messages de Umm Layth et de tous ceux écrits par d’autres femmes djihadistes, une obsession morbide du martyre. “Allahu Akbar, il n’y a aucun moyen de décrire le sentiment d’être assis avec les Akhawat [sœurs] dans l’attente des nouvelles d’un mari ayant atteint shahada [martyre]», écrit Umm Layth.
Selon les analystes de “SITE Intelligence Group”, une organisation basée aux Etats-Unis qui permet de suivre l’activité en ligne des terroristes, les efforts de recrutement ont eu un certain succès. Ils affirment que “par la création de contenus spécifiques ciblant les femmes sympathisantes du djihad, l’État islamique est en mesure d’établir un “pipeline” pour aider les femmes occidentales à se rendre en Syrie, épouser des combattants djihadistes et contribuer à la formation de leur nouvelle société”.
Ils ajoutent que: “ces réseaux en ligne ont gagné de manière significative en importance et en sophistication au cours de l’été 2014, ce qui suggère que l’État islamique a d’ores et déjà réussi à convaincre des femmes étrangères de délaisser leur vie en Occident, et cherche à s’appuyer sur cette force. ”
En Juin, la ministre de l’Intérieur britannique, Theresa May, a averti que ce ne sont pas seulement des jeunes hommes occidentaux qui partent pour rejoindre l’Etat islamique en Syrie. “Nous pensons que près de 400 personnes au Royaume-Uni, individus en lien, sont allés se battre en Syrie, surtout des jeunes hommes mais aussi des femmes», a t-elle dit à ITV News. Les autorités britanniques affirment qu’une une douzaine de femmes britanniques seulement ont fait le déplacement jusqu’à présent, mais la croissance de l’activité en ligne leurrant les femmes vulnérables leur fait craindre une prochaine au augmentation de ces chiffres.
Il y a eu plusieurs rapports relatifs à des femmes européennes partant en Syrie pour y rejoindre les djihadistes. En Avril, deux autrichiennes, âgés de 15 et 16 ans, ont disparu à Vienne et ont refait surface en Syrie. Elles sont recherchées par Interpol. En mai, des jumelles britanniques de 16 ans ont furtivement quitté leur domicile à Manchester et se sont rendues en Syrie pour épouser des djihadistes. Salma et Zahra Halane ont téléphoné à leurs parents pour leur dire qu’elles étaient arrivés dans un pays déchiré par la guerre et leur ont dit “nous ne reviendrons pas.” Et en Juillet, alors qu’elle avait pris l’avion pour pour partir voyage en Syrie via la Turquie, le FBI arrêtait une infirmière de Denver, Shannon Maureen Conley, une convertie à l’islam de 19 ans. Elle avait été recrutée en ligne, par un Tunisien qui affirmait se battre pour ISIS.
Toutes les femmes ne sont paraît-il pas rebutées par l’idée morbide de s’asseoir ensembles pour attendre le martyre de leurs maris. Les femmes réagissent aux tweets vantant les joies de la révolution islamique. Beaucoup de gens recherchent des conseils en utilisant Twitter et ask.fm, une plate-forme de questions-réponses basée en Lettonie, sur comment se rendre en Syrie ou en Irak. Umm Layth les exhorte: “La meilleure astuce pour les sœurs: ne pas faire de détours, prendre la voie la plus rapide, ne trainez pas en route dans votre Hégire [migration religieuse] pour la sécurité ne demeurez jamais plus d’un 1 jour au même endroit et entrez en relation avec vos contacts que dès que vous atteignez votre destination “.
En Avril, Umm Layth, qui compte plus de 2000 followers sur Twitter, a mis en ligne, en anglais, le “Journal d’un Muhajirah [migrant]” un guide donnant point par point ce à quoi doivent s’attendre les mariées. Ni les lapidations publiques pour adultère, ni les sanctions pour transgression des strictes codes vestimentaires n’y figurent. Mais les conditions de vie spartiates et les difficultés matérielles auxquelles les femmes occidentales devront faire face ne sont pas entièrement passées sous silence.
Umm Layth avertit les recrues potentielles que le plus gros problème lorsque l’on décide de franchir le pas réside dans l’opposition de la famille. “Même si vous savez combien ce chemin et cette décision sont justes et comment votre amour pour Allah vient avant toutes choses, c’est toujours une douleur que seule celle qui l’a vécu et expérimenté peut comprendre. Le premier coup de téléphone que vous donnez une fois que vous avez traversé les frontières est l’une des choses les plus difficiles que vous aurez jamais à faire … quand vous les entendrez au téléphone sangloter et supplier comme des fous pour que vous reveniez ce sera très dur “, écrit-elle.
Elle ajoute: «Beaucoup de gens de nos jours ne comprennent pas … pourquoi une femme pourrait prendre cette décision. Ils vous montreront du doigt et diront derrière votre dos et à la face de vos familles que vous prenez part au … djihad sexuel. ”
Mais la question de la rétribution des combattants des groupes extrémistes avec de jeunes mariées n’est pas abordée. L’enlèvement de masse des écolières par Boko Haram au Nigeria en constitue pourtant un exemple évident.
Selon l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme, groupe pro-opposition, basé au Royaume-Uni et dont les informations reposent sur des militants de terrain : l’État islamique a ouvert dans la ville d’Al Bab, au nord de la Syrie, un «bureau des mariages»  pour les femmes qui veulent épouser des combattants djihadistes sur le territoire qu’ils contrôlent.
Un sujet important de discussions dans les Tweets et dans les conseils en ligne, consiste savoir quoi faire si les parents s’opposent à des plans pour aller en Syrie ou  refusent de bénir un mariage, deux obstacles majeurs pour les croyants qui ont besoin d’une autorisation parentale pour voyager et se marier. Les recruteurs en ligne affirment qu’il est possible de leur désigner un tuteur qui leur fournira l’autorisation. Une des femmes djihadistes occidentale, Umm Anwar, prétend que dans que son cas, c’était l’émir (chef) de son futur mari qui avait été désigné et qu’il avait téléphoné à son père “pour lui demander son consentement par téléphone .”
Dans les échanges en ligne, Umm Anwar insiste sur le fait que son rôle dans l’Etat islamique n’est pas seulement d’être une femme au foyer. Elle affirme qu’elle est en mesure d’exploiter sa formation d’étudiante en médecine et dit que, «Les femmes donnent naissance à des moudjahidin [guerriers] et ce sont elles qui les élèvent et leur enseignent.”
thedailybeast.com
(Traduction libre par Fortune).

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