Passer du bug informatique au drame: telle est la crainte du personnel de l’Administration pénitentiaire chargé de surveiller à distance les personnes placées sous bracelet électronique. Car, depuis janvier, c’est la cacophonie dans les centres de contrôle, où les alarmes intempestives se multiplient.
De jour comme de nuit, cela sonne chez les gardiens, contraints de vérifier, par téléphone ou en se déplaçant, qu’une lanière n’a pas été arrachée ou qu’un domicile n’a pas été déserté aux heures fixées par la justice… Un travail vain mais qui fait surtout redouter le pire…
Autre dérèglement relevé: le bracelet d’un braqueur marseillais a été déconnecté durant cinq jours sans que personne ne le sache jusqu’à ce que l’alerte se mette enfin en branle. «Le signal sonore s’est aussi manifesté plusieurs fois chez un pédophile qui nous certifie à chaque fois qu’il est bien chez lui. Mais on ne sait plus s’il dit vrai ou non», relate le syndicaliste…
«Ces bugs se multiplient car il y a aussi plus de bracelets électroniques», relève Martine Lebrun, présidente honoraire de l’Association nationale des JAP, qui se préoccupe aussi du sort des personnes surveillées et sans cesse importunées. «Elles sont réveillées en pleine nuit et doivent justifier ensuite qu’elles dormaient bien dans leur lit. Pas facile!» dit-elle. D’ailleurs, l’une d’elles, qui avait, cette fois, un bracelet mobile avec un système de géolocalisation, avait fini par saisir le Conseil d’État. Son équipement défectueux sonnait sans cesse, où qu’elle soit, chez elle comme dans les magasins.
Les juges avaient admis que ces dysfonctionnements «avaient porté atteinte à sa dignité, son intégrité et sa vie privée».