Leur vie fait rêver. Ils sont riches et n’ont plus besoin de travailler pour subvenir à leurs besoins. Si l’argent ne fait pas le bonheur, il fait du moins le leur. C’est le cas de Paul Dubrule. A 79 ans, ce papy dandy prend un infini plaisir à tirer sur son cigare cubain. Il aime clamer à qui veut l’entendre qu’il est à la retraite, même s’il continue à présider le conseil de surveillance du groupe hôtelier Accor, dont il est le cofondateur.
Il ne s’en cache pas: Paul Dubrule aime tout ce qui est mécanique (les montres, les vélos, les voitures), le bon vin et qu’on lui “cire les pompes“. Depuis quelques années, cet ancien sénateur et maire UMP de Fontainebleau (Seine-et-Marne) est résident suisse. Il a trouvé refuge à Genève pour fuir la fiscalité française. Avec honnêteté et une pointe de cynisme, l’homme d’affaires raconte, dans le long documentaire Au bonheur des riches, pourquoi ce choix de l’exil.
La faute de la France, devenue un pays “insupportable”, dont il vaut mieux “divorcer” plutôt que de la supporter. Il dit avoir largement contribué à la richesse nationale et payé un “paquet d’impôts” : son groupe n’emploie-t-il pas, après tout, 160 000 personnes à travers le monde, dont la moitié en France ? “Sans les riches, une nation n’existe pas vraiment”, lance Paul Dubrule. D’ailleurs, qui sont vraiment “les riches” ? Que sait-on vraiment d’eux ?
Rapport à l’argent
Le film d’Antoine Roux dresse le portrait de quatre millionnaires qui ont accepté d’être suivis par les caméras. Pas question, cependant, de les accompagner dans leur quotidien ni de les voir sur un jet ou dans une fête à Saint-Tropez à bord d’un yacht, entourés de mannequins. Ce document tente plutôt de décrypter leur condition d’hommes riches, ce qui fait leur singularité, définit leur rapport à l’argent, à l’État, aux gens ordinaires, et la manière dont ils cultivent leur réseau.
Il y a Alain Tingaud, qui a fait fortune dans les nouvelles technologies et qui préside le club de rugby du Sporting Union Agen Lot-et-Garonne. Il s’est fait tout seul et croit en la réussite. Son fils est à la tête d’une entreprise vinicole rachetée par son père. Et, même s’il se considère comme un “privilégié”, il estime ne pas avoir à s’excuser ou à se justifier d’en être un. Témoignent aussi deux châtelains, Denis de Kergolay et Christian de Luppé, héritiers d’une longue lignée, qui possèdent leur domaine depuis des siècles et qui se battent pour préserver leur patrimoine.
Ce film, qui s’appuie sur les travaux des sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, spécialistes des riches, démontre que ces hommes, au compte en banque copieusement garni, cherchent surtout, au fond, consciemment ou inconsciemment, à s’anoblir ou à perpétuer leur dynastie.