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Frédéric Saint Clair, qui a été chargé de Mission auprès du Premier ministre pour la communication politique (2005-2007, revient sur la polémique déclenché par Nadine Morano autour du voile à la plage. Selon lui, au-delà de la question du statut de la femme dans l’islam, la nature même du voile comme symbole religieux et politique pose problème pour la société française.
Le voile, parce qu’il n’est pas, comme pour les moniales ou les prêtres, le témoin d’une fonction, réservé à une catégorie restreinte d’individus consacrés, mais la tenue vestimentaire choisie et assumée d’individus qui revendiquent de façon ostentatoire une appartenance religieuse, c’est-à-dire en l’imposant aux autres, est mal perçu. Il est rejeté de plus en plus violemment et globalement par la population française. […]

Il marque une différence, et c’est un individu qui l’impose à l’ensemble de la société qui, historiquement, l’accueille. Pire, du point de vue d’un grand nombre de français, c’est un homme qui l’impose à sa femme devenue objet, comme stigmate de sa propre piété.
Comment dès lors dissocier le voile ou même le foulard, soit d’un effet de mode, soit d’une radicalisation qui refuse de dire son nom ?
La loi sur l’interdiction des signes religieux ostentatoires à l’école a, peu ou prou, dix ans. La réflexion menée sur la laïcité date de la même époque, et la loi sur l’interdiction du port du niqab, c’est-à-dire d’un voile masquant le visage, date de 2010. Les politiques, comme bien souvent, on eu l’impression d’avoir marqué un coup décisif, par une loi équilibrée et forte, réaffirmant le principe de laïcité de la République, alors que la population n’a perçu que frilosité, incompréhension, impuissance et hésitation, marque d’une production législative désormais pléthorique et cependant inefficace.
Car, de l’opinion de beaucoup, la loi sur les signes religieux à l’école aurait dû s’étendre à tout l’espace public ; et la loi sur le voile intégral aurait du concerner non seulement le niqab, mais également le hijab, ce voile qui entoure la tête et tombe sur les épaules, et qui fait qu’une femme de confession musulmane peut être repérée à plusieurs centaines de mètres parmi une foule. Car si cela n’est pas un signe ostentatoire, qu’est-ce donc qu’un signe ostentatoire ? […] Une loi qui n’aurait autorisé le port de signes religieux, foulards, voiles, etc. que pour les religieux «officiels», prêtres, rabbins, imams, aurait marqué de façon plus nette la distinction entre ceux qui ont fait ouvertement le choix de Dieu, et qui ont adopté une tenue vestimentaire propre à leur confession, et le reste de la population, libre de croire ou de ne pas croire, de pratiquer ou de ne pas pratiquer, mais, dans tous les cas, sans l’imposer aux autres.
Le Figaro

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