Pour Louis Manaranche, agrégé d’histoire et président du laboratoire d’idées Fonder demain la composition du nouveau gouvernement achève la mue de la gauche que le “think tank” Terra Nova avait appelée de ses voeux en 2011.
Ainsi, l’Éducation nationale que l’on confiait jadis volontiers à des amoureux de l’émancipation par la transmission des savoirs, semble se présenter aujourd’hui comme l’aboutissement et le champ d’essais de ces luttes nouvelles et expérimentales.
Une sortie médiatique de deux puis trois ministres contre la politique économique du gouvernement, trop inféodée à leurs yeux aux objectifs d’austérité fixés outre-Rhin, a entraîné un remaniement mineur. En soi, cela n’a rien de remarquable. Pourtant, à y regarder de plus près, ce qui s’est passé n’est pas insignifiant. Les ministres qui ont été poussés vers la porte l’ont été pour des prises de position qui sont historiquement marquées à gauche. Il ne serait venu à l’idée de personne, il y a quelques années, par exemple pendant la campagne de l’élection présidentielle, d’envisager que l’on puisse, à gauche, reprocher haut et fort à un homme de gauche de donner la priorité à la relance de l’activité productive sur la réduction des déficits budgétaires. [ …] On remplace des ministres dont l’identité de gauche reposait essentiellement sur l’économique, le social et l’institutionnel, par des ministres dont la ligne en la matière consiste manifestement en un consentement aux règles de la gouvernance libérale mondiales. [ …] Le Figaro